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Haïti-Politique : 3 manifestants du 18 novembre seraient portés disparus, selon l’opposition

3 nouveaux défilés dans les rues, annoncés pour les 25, 28 et 29 novembre 2014

P-au-P, 21 nov. 2014 [AlterPresse] --- Alors que la Police nationale d’Haïti (Pnh) déclare n’avoir enregistré aucun décès, lors de la manifestation anti-gouvernementale du 18 novembre 2014 à Port-au-Prince, des organisations populaires de base, membres du Mouvement patriotique de l’opposition démocratique (Mopod), dénoncent la disparition de trois manifestants qui seraient décédés, dans une conférence de presse donnée le 21 novembre.

Les corps sans vie de ces personnes auraient été transportés dans un camion par un agent de l’Unité de sécurité générale du palais national (Usgpn), lors de la manifestation dispersée au niveau de Delmas 32 (banlieue nord-est), organisée à l’occasion du 211e anniversaire de la bataille de Vertières (Nord) ayant conduit à l’indépendance en 1804.

« Nous sommes allés à l’hôpital général et dans plusieurs morgues pour retrouver ces gens, mais en vain », indique Wilfrid Jean-Baptiste, coordonnateur du groupe organisé pour le développement de l’environnement humain (Godeh), une organisation populaire de base au Mopod.

Agé de 26 ans et originaire de la commune de Gros Morne (département de l’Artibonite), Vivenson Jean-Baptiste serait l’une de ces personnes décédées, qui seraient portées disparues depuis le 18 novembre 2014, d’après les représentants de plusieurs organisations populaires de base, dont Godeh, « Klere je Ayiti » (Kja), et le Réseau des organisations pour la communauté haïtienne (Roch).

Les médias ne sont pas en mesure de vérifier l’authenticité des informations rapportées par les organisations populaires de base.

Aucun parent proche des personnes qui seraient portées disparues n’était présent comme témoin à la conférence de presse du 21 novembre.

Les organisations de base, qui signalent la disparition, déclarent avoir été alertées par les parents de ces personnes.

Aucune autre information n’est disponible sur les deux autres prétendus cadavres enlevés.

Jusqu’ici, la Pnh affirme qu’il n’y aurait pas eu de mort lors de la manifestation du 18 novembre 2014.

Cinq autres personnes auraient, entre autres, été blessées par balles, rapporte l’opposition.

Il s’agirait de Jocelyn Virgile, Raynold Pétion, Réginald ainsi connu, Sylvana Janvier et Stéphanie. Certains recevraient des soins dans un centre hospitalier.

Le coordonnateur de Godeh condamne « les actions répressives et criminelles » de la police et de la justice au service de l’administration [du président Joseph Michel] Martelly [et du premier ministre Laurent Salvador]/Lamothe, soutenue par la communauté internationale.

Il demande à la communauté internationale de cesser d’appuyer la démagogie, les trafiquants de drogue et les personnes impliquées, selon lui, dans le kidnapping au sein du pouvoir actuel.

Faisant allusion aux déclarations incendiaires du ministre de la communication, Rudy Hériveaux, les organisations populaires l’accusent d’avoir commandité ces attaques contre les manifestants du 18 novembre 2014.

Hériveaux avait traité les opposants au régime en place de « cafards », un terme qui suscite beaucoup d’inquiétude dans la conjoncture actuelle.

Ce même terme a été employé pour dénigrer les Tutsi, minoritaires au Rwanda, avant le génocide survenu dans ce pays africain en avril 1994.

Orchestré par les Hutus extrémistes contre des Tutsis, le génocide s’est soldé par 800,000 morts en 100 jours.

Rudy Hériveaux devrait être révoqué après sa déclaration, estime Jean Renold Cénatus, coordonnateur de Kja, appelant les forces vives de la nation à continuer la mobilisation, en dépit des intimidations du pouvoir actuel.

L’opposition appelle à une série de manifestations antigouvernementales dans les rues de la capitale, les mardi 25, vendredi 28 et samedi 29 novembre 2014, pour continuer d’exiger le départ de Martelly du pouvoir.

La Pnh aurait refusé de recevoir, dans l’après midi du jeudi 20 novembre 2014, la notification, qui lui a été envoyée, pour ces manifestations, indique l’avocat André Michel, farouche opposant au pouvoir.

« Le droit de manifestation sur la voie publique est une garantie constitutionnelle », rappelle-t-il, demandant, en ce sens, le support des organisations de droits humains.

Entre-temps, sans être encore présentés devant un juge, deux membres de l’opposition, Rony Timothée et Byron Odigé, arrêtés lors de la manifestation du dimanche 26 octobre 2014, seraient placés en isolement au pénitencier national, informe le quotidien Le Nouvelliste.

Les autres manifestants arrêtés, environ 18 personnes, sont toujours gardés en prison. [apr 21/11/2014 14:40]