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Haïti-Politique : Martelly voudrait-il "avancer" ?

P-au-P, 15 nov. 2014 [AlterPresse] --- Dans une lettre datée du 11 novembre, le président Michel Martelly a « réitéré son plus grand désir de recevoir » les dirigeants des partis de l’opposition, le mercredi 19 novembre dans un Hôtel, situé à l’est de la capitale, à partir de 11 :00 du matin.

Cette lettre arrive après le refus de ces partis Politiques de l’opposition de rencontrer le chef de l’État le mercredi 12 novembre dans le cadre de ses consultations qu’il a entamées avec différents secteurs de la vie nationale.

Michel Martelly envoie cette seconde invitation après avoir lui-même déclaré vouloir ’’avancer’’ et après avoir déjà fait le tour des hotels Best Western et El Rancho, pour dialoguer.

« Comme vous, et comme vous le dites si bien, le Président de la République estime effectivement que les défis auxquels fait face la nation ne sauraient être réduits à la seule question électorale », écrit le secrétariat sur un ton conciliant.

Une idée soutenue auparavant par les partis, pour réfuter l’invitation que Michel Martelly leur avait préalablement adressée.

Pour l’instant les dirigeants des 5 partis destinataires, Inite, Ayiti pou Ayisyen, la Fusion des socio-démocrates, Kontra Pèp la et le Mouvement patriotique de l’opposition démocratique (Mopod), ont confirmé avoir reçu l’invitation du chef de l’État.

La nouvelle invitation de la présidence fait objet de discussion actuellement entre ces partis.

« On en discute actuellement », a déclaré à AlterPresse, le député Lévaillant Louis-Jeune, rencontré pour un cours entretien ce 12 novembre.

« Nous pensons qu’il y a nécessité pour la tenue d’une véritable dialogue en vue de trouver une solution à l’actuelle crise que vit le pays », a ajouté Levaillant Louis- Jeune.

Au moment de réfuter une précédente invitation à des consultations, les 5 partis avaient souligné la nécessité d’un agenda d’échange et des modalités pour toute rencontre avec Martelly.

Un parti n’avait toutefois pas signé la réponse à la présidence, Fanmi Lavalas, de l’ex président Jean Bertrand Aristide.

Une copie conforme de la nouvelle invitation est adressée à la coordinatrice ad intérim de Fanmi Lavalas, Maryse Narcisse.

Jointe par AlterPresse, elle affirme que « cette invitation ne nous concerne pas ».

Fanmi Lavalas garde sa position, demandant ainsi, la formation d’un nouveau conseil électoral et le renvoi de l’actuel gouvernement ayant à sa tête, Laurent Salvador Lamothe.

Cette invitation est tout simplement une information pour le parti.
Toutefois, Martelly a demandé aux 5 autres formations politiques d’ « étendre l’invitation à Fanmi Lavalas ».

Les consultations ont permis jusqu’à présent au président Martelly de recevoir des membres de la société civile, des ministres de cultes de différentes religions présentes sur le territoire, des anciens élus et certains chefs de partis.

Beaucoup estiment que cette nouvelle invitation de Martelly est un « revirement » lié à une nouvelle disposition de la communauté internationale, notamment des États-Unis.

Thomas Shannon, conseiller du secrétaire d’État étasunien John Kerry, a assuré qu’ « il y a encore une chance pour trouver une solution à la crise pré-électorale » que connaît actuellement le pays, dans un entretien accordé à la voix de l’Amérique en date du 11 novembre, environ 2 semaines après avoir effectué une visite dans le pays.

Au cours de celle-ci, il avait rencontré les dirigeants des partis, le chef du gouvernement Laurent Lamothe, le Cardinal Chibly Langlois et des membres de la société civile.

L’idée de diriger par décret attribué au président Martelly n’est que « spéculation » a-t-il déclaré.

« Martelly a fait beaucoup de chose pour satisfaire l’opposition » mais en vain, a-t-il estimé.

Parvenir à une « loi électorale » pour l’organisation des prochaines élections législatives, municipales et locales dans le pays, est la perspective souhaitée par Shannon.

Certains critiques jugent que l’entretien de Martelly à TV5 monde, Radio France internationale (Rfi) et le Monde dans l’émission « Internationales » de par son allure âcre, serait le signe d’un nouveau regard des pays de la communauté internationale sur la gestion de l’équipe au pouvoir, en particulier sur le comportement du chef de l’État haïtien.

Si les négociations doivent reprendre le mercredi 19 novembre, un des 6 sénateurs opposés à l’actuelle politique gouvernementale, Moïse Jean Charles, a annoncé la tenue d’une démonstration dans les rues de la capitale, pour le mardi 18 novembre, à l’occasion du 211e anniversaire de la bataille de Vertières, ayant abouti à l’indépendance du pays en 1804. [apr 15/11/2014 15:00]