P-au-P, 14 nov. 2014 [AlterPresse] --- La journaliste Gerdy Jérémie, correspondante d’AlterPresse et membre de l’équipe de Radio Télé Express à Jacmel, a entamé une action en justice contre les policiers qui l’ont agressée le 10 novembre.
La journaliste accompagnée de membres de la société civile a déposé plainte pour voie de faits le mercredi 12 novembre.
Son avocat Franck Lauture a décidé de saisir directement le tribunal correctionnel sans passer par le parquet où le dossier risquait de finir dans un tiroir.
C’est une occasion pour la justice de Jacmel de redorer son blason et faire un pied de nez aux critiques qui l’accablent en donnant justice à la partie qui la mérite, a déclaré Me Franck Lauture qui dit attendre le mot du droit sur le dossier.
« Jusqu’à présent j’ai mal », explique Gerdy Jérémie, qui avoue avoir été incapable de dormir les trois nuits suivant son agression tant la douleur était forte.
A date, les autorités policières n’ont donné aucun signal concernant la mise en isolement des deux policiers dont l’extrême violence à l’encontre des civils est notoire.
Jean Daniel Erikson est connu pour être souvent violent avec son épouse qui l’a trainé devant les tribunaux à plusieurs reprises. Quant à Alex Céus alias Arly, il a déjà agressé un journaliste de Radio Télé Express dans l’enceinte du parquet de Jacmel.
Les deux agents attachés à l’Unité départementale de maintien d’ordre (Udmo), que leurs propres collègues qualifient de brutaux continuent de remplir leur fonction dans la commune du Sud-Est. Selon une source, les autorités envisageraient non pas de les sanctionner pour leur attaque contre Gerdy Jérémie, mais de les transférer dans le département du Sud.
« Je n’ai pas l’esprit en paix et je ne me sens vraiment pas en sécurité, surtout qu’il n’y a pas d’électricité dans mon quartier ces derniers jours. Je sursaute chaque fois qu’un chien aboie. Je ne sors pas comme d’habitude. Aucun de mes proches n’est en paix », explique la journaliste.
En attendant, l’Association des journalistes de Jacmel a pris la décision pour qu’aucun de ses membres ne couvre les activités ayant lieu à l’intérieur du commissariat du chef-lieu du Sud-Est. Les journalistes disent qu’ils ne se sentent pas en sécurité.
Dans une note signée par Alain Pierre, secrétaire général, l’association condamne de toutes ses forces l’agression contre la journaliste et exige justice.
Plusieurs organisations ont réagi, parmi elles l’association des journalistes professionnelles de la Grand’Anse, le réseau Sud-Est de défense des droits humains, la société Macaya, l’organisation des jeunes pour le développement du Sud-Est, et la plateforme des syndicats des enseignants du Sud-Est.
Les chauffeurs de taxis moto qui organisaient la manifestation lors de laquelle l’agression a eu lieu ont même accompagné Gerdy Jérémie le jour du dépôt de la plainte. Ils se disent redevables envers elle, car son travail leur était utile, tout en condamnant fermement l’acte des policiers. [apr 14/11/2014 13:40]