P-au-P., 20 avr. 02 [AlterPresse] --- Haïti subit les règles injustes du commerce international et les secteurs de base doivent se mobiliser contre cet état de fait, ont déclaré hier à AlterPresse le représentant d’Oxfam - Espagne en Haïti, Maurepas Jeudy, et la Coordonnatrice d’Oxfam Angleterre dans le pays, Yolette Etienne.
Dans le cadre de la campagne pour un commerce équitable que vient de lancer Oxfam International, les représentations haïtiennes entendent promouvoir un débat pour parvenir à un agenda national sur la question, ont indiqué les deux responsables.
Oxfam International, une confédération de 12 organisations de développement travaillant dans 120 pays, a publié récemment un rapport intitulé "Deux poids deux mesures", dans lequel il critique sévèrement la fermeture des marchés des pays riches aux produits des pays pauvres, alors que le Fond Monétaire International et la Banque Mondiale imposent l’ouverture totale des marchés des pays du Sud.
"Le coût global de ces barrières douanières pour les pays en développement s’élève à 100 milliards de dollars par an, soit le double de l’aide qui leur est fournie, souligne le rapport d’Oxfam International. Il estime que si les pays du tiers-monde devaient augmenter leur part des exportations mondiales de 1%, "le gain qui en résulterait pourrait faire sortir 128 millions de personnes de la pauvreté".
Ce rapport sera diffusé en Haïti, a fait savoir Yolette Etienne qui a précisé que, dans le cadre de cette campagne internationale, des alliances seront recherchées avec les secteurs de base haitiens. Interrogée sur la possibilité d’alliance également avec le gouvernement, elle a déclaré que "c’est difficile d’envisager une telle perspective, puisqu’on n’est pas informé de la politique gouvernementale". Elle a cependant affirmé que le rapport sera remis aux autorités du pays.
En Haïti, la campagne a déjà été lancée et 9 organisations du Sud-Est, du Nord, du Centre et de l’Artibonite sont impliquées avec Oxfam dans ce processus qui vise a améliorer la qualité du café et du riz ainsi que les conditions de travail dans ces secteurs de production.
Oxfam préconise l’encadrement par le gouvernement des 200.000 producteurs de café en haitiens, afin d’assurer la meilleure qualité du produit exporté. Haïti perd 8 à 12 centimes sur chaque livre de café vendu à l’étranger, à cause du non-respect de certains critères de qualité.
De même, il y a beaucoup à faire au niveau de la production du riz "confronté au dumping et même, récemment, à la l’importation subventionnée", a souligné Maurepas Auguste. Il faut accroître la production et renforcer les structures de transformation, a-t-il précisé, en indiquant qu’il va être notamment demandé au gouvernement d’adopter une politique tarifaire appropriée afin de "protéger le marché du riz". [gp apr 20/04/02 06:25]