P-au-P, 11 nov. 2014 [AlterPresse] --- Dans ses interventions sur la condition féminine, à l’émission « Internationales » de TV5 monde, le président de la république, Joseph Michel Martelly, a déshonoré les femmes haïtiennes, a sali leur image, les a humiliées et leur a manqué de respect, face à plus de 55 millions de francophones qui ont suivi l’interview du dimanche 2 novembre 2014, estime la Solidarité des femmes haïtiennes (Sofa) dans une lettre ouverte dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
En tournée en Europe, de fin octobre à début novembre 2014, Martelly a été pris, sur les plateaux de TV5, entre les questions de 3 journalistes français, issus de Radio France Internationale (Rfi), du journal Le Monde et de TV5.
Maladroit sur la question de l’avortement, Martelly s’est complu dans l’exemple d’une femme mère de 18 enfants, qu’il compare à une suicidaire.
Sofa interprète l’exemple de Martelly comme le fait de « dire que les femmes haïtiennes n’ont pas le sens des responsabilités, en mettant au monde sans limites ».
La moyenne d’enfants par foyer est de 4 à 5 en Haïti, souligne Sofa à Martelly, en se référant à l’Enquête sur la mortalité, morbidité et utilisation des services (Emmus V) .
« Il est important de vous rappeler, Monsieur le Président, que les opérations d’avortement, effectuées dans de mauvaises conditions, sont la 3e cause de mortalité maternelle. Ce chiffre n’existerait pas si l’avortement était dépénalisé et s’il y avait des services gratuits de qualité pour les femmes obligées d’avorter », écrit la Sofa.
Sur l’amalgame, fait entre avortement et viol, Sofa signale à Martelly que le viol a existé avant le tremblement de terre du 12 janvier 2010. Et que ce discours du viol sous les tentes n’est que le produit d’une certaine communauté internationale, en vue d’utiliser « un problème des femmes pour amasser de l’argent ».
« Vous avez préféré déshonorer les femmes de votre pays, en déclarant qu’elles se prostituent avec les agents des forces onusiennes. Or, c’est l’Etat qui a protégé les soldats de l’Organisation des Nations unies (Onu), quand les organisations de femmes ont dénoncé le contingent sri-lankais qui a violé plus de 100 femmes et filles en-dessous de 18 ans », poursuit Sofa.
Joseph Michel Martelly n’a aucune considération pour les femmes, s’indigne la Sofa, insistant sur ses propos dans l’interview de TV5, qui font ressortir son « mépris », sa « haine des femmes haïtiennes, particulièrement les appauvries ». [efd kft rc apr 11/11/2014 9:25]