P-au-P, 12 nov. 2014 [AlterPresse] --- Initié, en Haïti, depuis 2003, le traditionnel Festival Quatre chemins souhaite, dans sa onzième édition en 2014, être « lieu du vivant, de la régénérescence », pour qu’au final « les hommes, les femmes debout vraiment » fassent « tomber des ruines », qui enlaidissent, « ankylosent des pas », « bloquent des avancements » depuis le terrible tremblement de terre du 12 janvier 2010, apprend l’agence en ligne AlterPresse.
« Faisons tomber nos ruines » est le thème de la onzième édition (de cette année), qui se déroule entre le lundi 24 novembre et le samedi 6 décembre 2014.
L’édition 2014 du Festival Quatre Chemins doit mettre « en exergue les inspirations les plus originales, [révéler] la vitalité du milieu dans lequel et pour lequel il existe. Les esprits qui l’animent doivent concourir à ensevelir ces tas, ces milliards de tas de ruines qui nous entourent », anticipe Guy Régis Junior, directeur artistique du festival.
Poète, metteur en scène, dramaturge – l’un des premiers à donner l’impulsion à la création du festival, en 2004, aux côtés de Daniel Marcelin -, Syto Cavé, natif de Jérémie (Grande Anse, une partie du Sud-Ouest d’Haïti), est l’invité spécial de l’édition 2014, qui compte offrir spectacles, conférences, lectures, ateliers et « afters », pour revivifier l’art à Port-au-Prince.
Le vendredi 5 décembre 2014, un Yanvalou (récital de chants) sera donné, en l’honneur de Cavé, avec la participation de son fils Alan Cavé, de Boulo Valcourt, de Wooly Saint-Louis Jean, qui exécuteront des titres sortis sous la plume de l’invité spécial.
Des créateurs haïtiens et étrangers sont aussi invités à performer, à dicter des conférences, à former, à discuter dans des espaces, tels le Centre d’Art, l’Institut français d’Haïti (Ifh), la Fondation Connaissance et Liberté (Fokal), la Librairie La Pleiade, le Centre Culturel Pye Poudre, le restaurant et espace culturel Yanvalou et le Centre culturel Anne Marie Morisset.
Entamé sous la direction de la Fokal, en 2003, le Festival Quatre Chemins est désormais sous la houlette de Guy Régis Junior, en tant que directeur artistique.
Le passage du tremblement de terre du 12 janvier 2010, de magnitude 7.3 en Haïti, a complètement rasé le peu de scènes de performance des arts vivants qui ont existé en Haïti.
Dans certains cas, leurs ruines sont encore là à faire la moue aux artistes.
Les travaux de réhabilitation et de modernisation du Ciné Théatre Triomphe, débutés en décembre 2012, seraient déjà terminés depuis septembre 2014.
Pourtant, aucune date n’est fixée pour son inauguration.
Des particularités
La onzième édition (2014) a certaines particularités par rapport à celles d’avant, informe à AlterPresse Daphné Ménard, assistant de communication de l’association 4 chemins (A4C).
« Cette année, il n’y a pas eu d’appel à propositions. On a priorisé des pièces qui ont vraiment joué durant l’année et qui ont eu un impact », ajoute Ménard.
Gouverneurs de la Rosée [la version] de Daniel Marcelin, « 27 700 kilomètres carrés Lanmou » de Chelson Ermoza, « Moi au bout de l’exil » de Johny Zephirin, Bras Coupé de Syto Cavé (interprété, entre autres, par Bonel Auguste) et Maitre Minuit de Cavé avec Jean François Milord dit Murat figurent parmi les créations retenues cette année.
En été 2014, Ermoza et Zephirin ont bénéficié d’une bourse de création du Festival 4 chemins, respectivement dans les villes de Jérémie et des Gonaïves, précise Ménard.
A côté de la parade d’ouverture, qui partira des locaux de l’Ecole nationale des Arts (Enarts), le premier jour du festival, avec la Brigade d’intervention théâtrale haïtienne (Bith) et Simbi Roots, il y aura des spectacles payants à des prix fixes, selon que le spectateur est adulte, étudiant ou enfant, explique Ménard.
La nécessité de ne pas rester dans l’événementiel, d’étendre les activités sur toute l’année, la publication de pièces inédites de Syto Cavé après le festival, colletées à « l’absence cruciale de politique culturelle de l’Etat haïtien », forcent les organisateurs à collecter des fonds pour pouvoir financer l’existence future du Festival 4 chemins, pour ne pas dépendre uniquement des bailleurs, comme Fokal et l’Ifh.
« Malgré ses 11 années d’existence, le festival ne dispose d’aucun fond de fonctionnement », regrette Ménard.
A partir de 2014, les activités de l’association se déroulent en 3 phases, qui sont « appel à candidature et résidence de rechercher dans des villes de provinces au printemps, résidence de création en été et le festival en automne ». [efd kft rc apr 12/11/2014 1:45]