P-au-P, 11 nov. 2014 [AlterPresse] --- Les partis politiques de l’opposition veulent la définition d’un agenda et des modalités, avant toute rencontre avec le président Joseph Michel Martelly, dans une correspondance conjointe, en date du 7 novembre 2014, en réponse à l’exécutif, que s’est procurée l’agence en ligne AlterPresse.
Les défis, auxquels fait face la nation, ne sauraient être réduits à la seule question électorale, arguent ces cinq partis politiques dans la correspondance conjointe, adressée au président Joseph Michel Martelly.
La correspondance n’a pas été signée par le parti politique Fanmi Lavalas, parce que la lettre est arrivée en retard, explique la coordonnatrice du parti, Maryse Narcisse.
L’exécutif souhaitait rencontrer, le mercredi 12 novembre 2014, les six partis politiques de l’opposition dans le cadre de la recherche d’une issue à la crise préélectorale, en relation aux consultations politiques engagées, depuis quelques temps, avec divers secteurs de la vie nationale.
Les partis politiques signataires de la correspondance du 7 novembre 2014 déclarent vouloir participer à « des négociations sérieuses, en vue de trouver un accord politique global et de gérer la crise conjoncturelle et le vide institutionnel qui nous attendent dans les mois qui viennent ».
En retard de plus de 3 ans, les élections législatives, municipales et locales sont annoncées pour le premier trimestre de l’année 2015, alors que les mandats des députés et de dix sénateurs en poste arrivent à terme le deuxième lundi du mois de janvier 2015.
D’aucuns mettent en garde contre une tentative de l’exécutif de diriger le pays par décrets, contrairement au vœu de la Constitution du 29 mars 1987.
Les délégations de l’exécutif et l’opposition « ont encore le temps de se retrouver, afin d’arrêter l’agenda et les modalités de la tenue de cette rencontre », estiment ces partis politiques.
Le vendredi 7 novembre 2014, Martelly s’est entretenu avec plusieurs personnalités, issues de différentes organisations de la société civile, qui ont préalablement exprimé, dans une note, leur préoccupation face à la conjoncture actuelle du pays.
La gouvernance, les élections et la constitution sont, entre autres, les sujets débattus à cette rencontre ayant réuni, entre autres, l’archevêque (catholique romain) de Port-au-Prince, Mgr Guyre Poulard, le directeur exécutif de l’Initiative de la société civile (Isc), Rosny Desroches, le président de la Fédération protestante d’Haïti (Fph), le pasteur Sylvain Exantus, une des responsables du Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), Marie Yolène Gilles.
Le climat pour faciliter ces types d’échanges n’existe pas, déplore Maryse Narcisse, rappelant que « des militants Lavalas sont emprisonnés, assassinés et persécutés ».
Narcisse appelle, entre autres, à la mise en place d’un nouveau Conseil électoral provisoire (Cep) et d’une nouvelle équipe gouvernementale, impliquant le départ de l’actuel premier ministre Laurent Lamothe.
« L’opposition politique doit rester cohérente. La décision du président Martelly d’inviter les vraies forces de l’opposition à prendre part au processus de consultation n’est qu’une manœuvre politique, visant à casser la mobilisation populaire anti-gouvernementale », dénonce l’avocat André Michel dans des déclarations à AlterPresse.
La solution à la crise actuelle passe nécessairement par de véritables négociations dans un climat serein, dépouillé de persécutions politiques, insiste Me. Michel, se référant à la position toujours exprimée par le Mouvement patriotique de l’opposition démocratique (Mopod).
L’avocat appelle l’opposition à ne pas prendre la voie des négociations, tant que « les prisonniers politiques » (plus d’une vingtaine, selon l’opposition) ne sont pas libérés.
Plusieurs manifestants et militants politiques, dont Rony Timothée et Byron Odigé, arrêtés lors des mobilisations antigouvernementales de l’opposition, sont toujours gardés en prison, en dehors des normes légales.
« C’est une question de morale politique. Les préalables du Mopod sont encore de mise. La mobilisation populaire reste et demeure la seule option stratégique de combat pour l’opposition et pour le peuple haïtien. Le combat continue », encourage Me. André Michel.
Le lundi 13 octobre 2014, une rencontre a été avortée entre Martelly et les six partis politiques de l’opposition, qui exigent à l’exécutif d’entamer des négociations, au lieu des consultations.
Une synthèse des différentes propositions, qui ont été faites par les protagonistes consultés, devrait être présentée par Martelly, le mardi 18 novembre 2014. [emb kft rc apr 11/11/2014 1:35]