Correspondance Gerdy Jérémie
Jacmel 12 nov. 2014 [AlterPresse] --- A Jacmel, l’opposition et les proches du pouvoir se disputent devant les tribunaux, sur fond d’espionnage, observe l’agence en ligne AlterPresse.
Joseph Lambert, l’un des conseillers politiques du président Joseph Michel Martelly, affirme avoir distribué 500 téléphones mobiles à ses hommes, leur confiant la tâche d’espionner toutes celles et tous ceux qui osent dire du mal de lui, afin qu’il puisse les trainer en justice.
L’ancien sénateur du Sud-Est, de la 48e législature haïtienne, a fait cette déclaration en rapport avec un procès, qu’il a gagné contre l’ancien vice- président du Bureau électoral départemental (Bed) des dernières élections en Haïti, en 2009, Jean Rony Philippe.
Ce dernier l’accuse d’être complice d’une tentative d’assassinat, dont il aurait été victime et qui serait produit à Carrefour, commune du département de l’Ouest, le 3 avril 2014.
L’ancien parlementaire a intenté une action en justice contre son accusateur pour diffamation, qui s’est soldée par un jugement en faveur de Lambert.
L’audience s’est déroulée au tribunal correctionnel de Jacmel, le mardi 21 octobre 2014.
Le verdict du dit jugement, prononcé par défaut, en l’absence de Jean Rony Philippe, qui serait à l’extérieur du pays, condamne ce dernier à deux (2) ans et trois (3) mois d’emprisonnement, quinze (15) millions de gourdes (Ndlr : US $ 1.00 = 47.00 gourdes ; 1 euro = 65.00 gourdes aujourd’hui) de dommages et intérêts au profit de Lambert et deux (2) mille gourdes d’amende.
Par ailleurs, le vendredi 7 novembre 2014, la justice de Jacmel a renvoyé, pour une deuxième fois, à la huitaine (pour le 14 novembre 2014), le procès opposant Vital Deslouches, actuel chargé de mission du ministère de l’intérieur dans le Sud-Est, et des militants de l’opposition politique du département, regroupés à travers la Plateforme politique et organisation pour la libération du Sud-Est (Pppose).
Vital Deslouches a déposé une plainte, au greffe du parquet près le tribunal de première instance de Jacmel, contre certains membres de la plateforme, pour voie de faits, dont il aurait été victime, lors d’une manifestation anti-gouvernementale organisée par la Pppose, le 3 octobre 2014, dans la métropole du Sud-Est.
Ces militants politiques reprochent au plaignant Deslouches ce qu’ils appellent « son intrusion provocatrice » à cette manifestation, brandissant son appareil pour les filmer.
Ce qu’ils ne manquent pas de qualifier d’espionnage.
Dans la communauté du Sud-Est, les réactions fusent suite à la déclaration de Joseph Lambert, avertissant la population de l’instauration de son réseau d’espionnage à travers le département.
Les organismes de promotion et de défense des droits humains assimilent cette déclaration à une violation flagrante des droits, garantis par la Constitution haïtienne, et à une menace à la liberté d’expression, qui méritent d’être rigoureusement condamnées.
« Nous devons prendre très au sérieux cette déclaration, venant surtout d’un proche du pouvoir en place. C’est une intolérance qui frise la dictature », condamne, Me Rameau Colin, responsable de la section droits humains au sein de l’Organisation des jeunes pour le développement du Sud-Est (Ojedese).
Cette déclaration de l’ex-sénateur, proche de Martelly, est une déclaration de guerre contre la population, selon des personnalités politiques du département.
Regroupés à travers la Pppose, les représentants du mouvement patriotique de l’opposition démocratique (Mopod), à travers sa coordination départementale, Mouvement pour appuyer la majorité (Mam), déclarent qu’ils n’entendent pas se laisser intimider.
« Nous continuerons à dénoncer les dérives, corruptions et malversations des autorités du pays, et du département du Sud-Est en particulier », soutient la Pppose. [gj kft rc apr 12/11/2014 1:15]