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Haïti-Politique : Des organisations se révoltent contre la « répression » gouvernementale

P-au-P, 11 nov. 2014 [AlterPresse] --- Des organisations comme la Conférence des pasteurs haïtiens (Copah) et Tèt kole ti peyizan ayisyen (Tk) expriment leur révolte contre la « répression » gouvernementale qui bat son plein dans le pays.

La Copah dénonce « une campagne de répression aveugle entreprise par la justice et la police à l’encontre d’opposants politiques », dans une lettre ouverte au président Joseph Michel Martelly, transmise à l’agence en ligne AlterPresse, le 6 novembre.

Contrôlées « entièrement » par l’exécutif, la police et la justice sont transformées, depuis quelques temps, en instruments de persécution politique contre ceux et celles qui s’opposent au gouvernement, fustige t-elle.

Des manifestations anti-gouvernementales sont réprimées violemment par la police qui se comporte « de plus en plus en milice politique ».

Non contente de réprimer les manifestations organisées par l’opposition politique à coup de gaz lacrymogène et d’eau acidulée, la police opère aussi des arrestations illégales et arbitraires sur la base « d’accusations fantaisistes », déplore t-elle.

Des agents de la Police nationale d’Haïti (Pnh) ont arrêté 18 personnes lors d’une manifestation violemment dispersée, à Port-au-Prince, le vendredi 17 octobre 2014, date marquant le 208e anniversaire de l’assassinat de Jean-Jacques Dessalines, fondateur de la nation haïtienne.

Arrêtés lors d’une autre manifestation anti-gouvernementale le dimanche 26 octobre, deux militants politiques, Rony Timothée et Biron Odigé, écroués le lundi 27 octobre 2014 à la prison civile de Carrefour (banlieue sud) ont été transférés, par la suite, respectivement à la prison civile de la commune de Cabaret (municipalité à 35 km au nord de Port-au-Prince) et à la Croix-des-Bouquets (nord-est de la capitale).

Le mercredi 5 novembre, une audition de ces deux détenus a été annulée par le juge instructeur Lamarre Bélizaire qui a justifié son refus par le fait que l’un de leurs avocats, André Michel, serait aussi un inculpé dans le cadre des violences perpétrés lors de la manifestation anti-gouvernementale de l’opposition le 17 octobre.

Pour la Copah, l’arrestation et l’incarcération, « sans jugement », de Biron Odigé, Rony Timothée, Jean Robert Vincent, Enold et Josué Florestal, constituent une entrave à la justice et participe des graves dérives du pouvoir.

Récemment, plusieurs personnalités ont critiqué la banalisation des arrestations arbitraires des manifestants et militants politiques par le président de la république, Joseph Michel Martelly, lors de son interview à TV5Monde, Radio France Internationale et Le Monde, diffusée le dimanche 2 novembre 2014.

Dans cette émission, Martelly a affirmé ne pas être au courant « qu’il y ait des manifestants en prison », ni des prisonniers politiques en Haïti.

L’administration Martelly/Lamothe continue de créer des crises suite aux arrestations effectuées sans mandat à travers la justice et la police qui représentent le bras droit du gouvernement, condamne, pour sa part, l’organisation Tèt kole ti peyizan ayisyen.

L’organisation paysanne demande au pouvoir en place la libération de tous les prisonniers politiques et l’appelle à mettre un terme à la machine répressive mise en branle contre ses opposants.

La police nationale tend à remplacer les tontons macoutes (milice duvalieriste) et l’armée d’Haïti (dissoute) pour opérer des répressions contre les manifestations populaires, alors que la liberté de manifestation est un acquis démocratique et constitutionnel, critique t-elle.

« Dans tout le pays, le gouvernement met en place une série de structures, recevant des entrainements de la police comme ’les 100 hommes forts et les 100 femmes fortes’ dans le Nord, précisément à Plaisance, dans le Nord-Ouest et l’Artibonite où une structure appelée Bouclier est en train d’être mise sur pied », rapporte Tèt kole ti peyizan ayisyen. [emb kft gp apr 10/11/2014 11 : 35]