P-au-P, 04 nov. 2014 [AlterPresse] --- Plusieurs personnalités critiquent la banalisation des arrestations arbitraires des manifestants par le président de la république, Joseph Michel Martelly, lors de son interview à TV5Monde, Radio France Internationale et Le Monde, diffusée le dimanche 2 novembre 2014.
Dans cette émission, Martelly a affirmé ne pas être au courant « qu’il y ait des manifestants en prison », ni des prisonniers politiques en Haïti.
Ces informations d’arrestations de manifestants et de prisonniers politiques sont régulièrement relayées dans les médias locaux.
Martelly ne dirige pas réellement le pays « s’il ne sait pas qu’il y a des manifestants et des prisonniers politiques en prison », réagit le secrétaire exécutif de la Plateforme des organisations haïtiennes de défense des droits humains (Pohdh), Antonal Mortimé.
« Le président n’est pas un bon président, s’il fait semblant de ne pas être au courant de ces arrestations », regrette Mortimé.
18 personnes ont été arrêtées lors d’une manifestation violemment dispersée, par des agents de la Police nationale d’Haïti (Pnh), à Port-au-Prince, le vendredi 17 octobre 2014, date marquant le 208e anniversaire de l’assassinat de Jean-Jacques Dessalines, fondateur de la nation haïtienne.
Deux militants politiques, Rony Timothée et Biron Odigé, arrêtés lors d’une manifestation anti-gouvernementale le dimanche 26 octobre et écroués le lundi 27 octobre 2014 à la prison civile de Carrefour (banlieue sud), sont venus grossir le nombre de ces prisonniers.
Timothée et Odigé ont été mis en prison sans qu’aucune autorité judiciaire ne les ait auditionnés, déplorent des organisations de défense des droits humains.
La Pohdh et le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh) ont, entre autres, exigé la libération de ces manifestants arrêtés « illégalement », dans un communiqué de presse en date du 27 octobre 2014.
Martelly a été en difficulté de répondre, entre autres, à la question liée aux arrestations de manifestants et prisonniers politiques, lors de son interview aux médias français, relève, pour sa part, Sauveur Pierre Etienne, coordonnateur du parti politique Organisation du peuple en lutte (Opl).
« Seule la mobilisation populaire nous permettra d’obtenir la libération de tous les prisonniers politiques, le départ forcé ou volontaire de l’équipe Tèt Kale et de construire un projet national, démocratique et populaire », estiment les avocats André Michel et Newton Louis St Juste dans une note en date du 2 novembre 2014.
Ces avocats, opposants virulents à Martelly, déplorent « les mensonges » de Martelly sur la situation des droits humains (dont la réalité des libertés publiques gravement menacées ces derniers mois) et sur la mobilisation populaire, engagée contre son régime pour corruption et dérives de toutes sortes.
Martelly ignore qu’en ce siècle de l’information tout se sait, se dit et se voit en temps réel, affirment-ils.
Ils en profitent pour critiquer le voyage de Martelly en Europe, qui « s’inscrit dans la logique d’une conception à la fois patrimonialiste et hédoniste du pouvoir transformant la République en une chose privée, un jouet et un instrument de loisir et de plaisir ».
Pour Martelly, cette visite en Europe consiste plus en une recherche de solidarité que d’argent.
Ce voyage, onéreux pour les caisses publiques, constitue une nouvelle occasion pour dilapider davantage les maigres ressources de l’Etat et salir l’image du peuple haïtien par-devant l’ancienne puissance coloniale, la France, considèrent les avocats.
Lors de son voyage en Europe du lundi 27 octobre au dimanche 2 novembre 2014, Martelly était accompagné d’une quarantaine de personnes, fonctionnaires et amis personnels, et même de son épouse, Sophia Saint-Rémy. [emb kft rc apr 04/10/2014 14:30]