P-au-P, 29 oct. 2014 [AlterPresse] --- Se disant inquiets de la gestion de l’actuelle administration politique (du président Joseph Michel Martelly et du premier ministre Laurent Salvador Laamothe), les membres du parti politique Rasin Kan Pèp la tirent la sonnette concernant un éventuel retour vers la dictature.
« Nous sommes très inquiets … », déclare le porte parole du parti, Camille Chalmers, dans une conférence de presse, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
« Nous avons la crainte du rétablissement d’un pouvoir dictatorial, autoritaire, qui ne respecte pas les droits des Haïtiennes et Haïtiens », met en garde Chalmers.
Pour l’instant, sont emprisonnés plus d’une vingtaine d’opposants politiques, arrêtés sans mandat lors de manifestations pacifiques.
Le parti Rasin Kan Pèp la, appelle à la libération de ces militants politiques.
Une requête, que supportent les organisations de défense des droits humains.
D’un autre côté, les agents de la Police nationale d’Haïti (Pnh) empêchent, généralement, les mouvements de protestation de l’opposition de suivre les parcours initiaux, en lançant du gaz lacrymogène à outrance et de l’eau ayant un effet irritant.
Journalistes, sénateurs et simples citoyennes et citoyens n’ont pas été épargnés le vendredi 17 octobre 2014, ni le dimanche 26 octobre 2014.
Les abords des ruines du palais national, voire les rues y conduisant, sont interdites à toutes sortes d’activités, organisées dans la visée de critiquer la politique gouvernementale.
« Dès que le gouvernement commence à poser des actes arbitraires, on peut commencer à parler d’un début de dictature », estime Edmonde Supplice Beauzile, dirigeante du parti Fusion des socio-démocrates.
La politique ajoute, en même temps, un bémol.
PourSupplice Beauzile, les actuels dirigeants manifestent cette « velléité » dictatoriale, en guise de démonstration de leur état « nostalgique des temps anciens ».
D’ailleurs, ce gouvernement n’a pas encore atteint le haut seuil des « exactions », connues aux temps des Duvalier (François et Jean-Claude, respectivement 22 septembre 1957 - 21 avril 1971 et 22 avril 1971 - 7 février 1986) et de Jean-Bertrand Aristide (7 février - 30 septembre 1991, 15 octobre 1994 - 7 février 1996, 7 février 2001 - 29 février 2004), argue l’ancienne sénatrice.
« Ce n’est pas la même logique », considère-t-elle, tout en appelant la population à « affirmer sa volonté de ne pas retourner à un vécu dictatorial ».
Il faut être, quand même, « vigilant », prévient Supplice Beauzile.
Pendant que les menaces de répression et de persécution politiques sont vues différemment par divers secteurs, le président du Sénat haïtien, Dieusseul Simon Desras, intervenant dans les médias sur les abus, notamment les arrestations lors des manifestations, perpétrés par le pouvoir en place, juge que la république d’Haïti fait face actuellement à un chaos.
Le deuxième lundi du mois de janvier 2015, date à laquelle, un deuxième tiers du Sénat sera parti, marquera « le compte à rebours » vers la grande débâcle, continue de craindre Desras.
Martelly a reporté sine die les élections, qui n’ont pas pu avoir lieu le dimanche 26 octobre 2014, contrairement à « sa fuite en avant », faute d’un accord qui contente à la fois son équipe et l’opposition, dont une branche souhaite sa démission sans condition.
Parmi les reproches adressés à l’Exécutif, figurent le retard mis pour organiser ces élections dans le pays depuis déjà 3 ans (depuis l’année 2011), la nomination de fonctionnaires à des postes électifs, l’assujettissement du système judiciaire et le gaspillage des biens de l’État. [apr 29/10/2014 14:05]