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Haïti : Des organisations de droits humains appellent à la libération des manifestants et militants politiques arrêtés

P-au-P, 28 oct. 2014 [AlterPresse] --- La Plateforme des organisations haïtiennes de défense des droits humains (Pohdh) et le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh) exigent « la libération des prisonniers politiques et des manifestants arrêtés illégalement » ces derniers jours, dans un communiqué de presse en date du 27 octobre 2014 transmis à AlterPresse.

Plusieurs manifestants et militants politiques considérés comme prisonniers politiques ont été arrêtés par la police lors des dernières manifestations de l’opposition contre le pouvoir en place.

Deux militants politiques Rony Timothée et Biron Odigé ont été arrêtés lors d’une manifestation anti-gouvernementale le 26 octobre, et écroués le 27 octobre 2014 à la prison civile de Carrefour (banlieue sud), sans qu’aucune autorité judiciaire ne les ait auditionnés, déplorent les organisations de défense des droits humains.

Cette manifestation de l’opposition réclamait, entre autres, des bureaux de vote ainsi que le départ du président Michel Martelly.

L’arrestation des deux militants politiques « constitue une grave violation » de la Constitution, dénoncent la Pohdh et le Rnddh.

18 autres personnes ont déjà été arrêtées lors d’une manifestation dispersée violemment à Port-au-Prince le 17 octobre 2014, date marquant le 208e anniversaire de l’assassinat de Jean-Jacques Dessalines, fondateur de la nation haïtienne.

Aux Cayes, la police a aussi arrêté, le dimanche 12 octobre, trois autres manifestants lors d’une mobilisation visant à exiger du courant électrique.

Ces organisations considèrent les arrestations des manifestants et des militants politiques pour leurs opinions et prises de positions politiques comme une grave menace pour les libertés publiques.

Elles rappellent que le « code d’instruction criminelle qui fait obligation à tout auteur d’un mandat d’amener, d’interroger le prévenu arrêté dans un délai de vingt-quatre (24) heures au plus tard ».

La Pohdh et le Rnddh précisent aussi qu’ « il n’est pas permis à un magistrat de convertir un mandat d’amener en mandat de dépôt sans avoir entendu préalablement le prévenu ».

Les organisations disent s’étonner que « des reproches d’incitation à la violence et de destructions soient faits aux manifestants et aux militants de l’opposition alors qu’aucun acte de flagrance n’a été réalisé comme le veut la loi ».

Elles fustigent la pratique du pouvoir exécutif qui tend à utiliser les parquets de la République et certains juges d’instruction comme outils de persécutions politiques.

Ces pratiques ne sont pas de nature à créer le climat propice à de véritables négociations politiques, indispensables pour une sortie de crise négociée, ajoutent-t-elles.

Des consulations controversées sont en train d’être entreprises par l’Executif pour trouver une issue à l’impasse pré-électorale.

Les organismes de défense des droits humains appellent l’Exécutif à faire preuve de lucidité, de tolérance, de respect des droits du peuple et d’esprit d’ouverture afin d’éviter que le pays ne sombre dans le chaos et l’anarchie.[emb kft gp apr 28/10/2014 13 :10]