P-au-P, 27 octobre 2014 [AlterPresse] --- Le puissant sénateur dominicain Felix Bautista Rosario, dont plusieurs firmes de construction exécutent des contrats en Haïti, se retrouve dans le collimateur de la justice de son pays, avec la demande de sa mise en détention provisoire, prononcée, la semaine dernière, par le procureur général de la cour suprême de la République Dominicaine.
Un acte d’accusation et une demande de procès ont été déposés par-devant la Justice dominicaine.
L’information est relayée sur plusieurs sites dominicains d’information.
Dans son réquisitoire en date du 23 octobre 2014, le procureur sollicite la désignation d’un juge d’instruction spécial pour une audience préliminaire.
Des accusations de faits graves de corruption et de blanchiment sont évoquées par le procureur contre Bautista et 6 autres citoyens dominicains.
Il s’agit de Soraida Antonia Abreu Martínez, José Elías Hernández García, Bolívar Antonio Ventura Rodríguez, Carlos Manuel Ozoria Martínez, Gricel Aracelis Soler Pimentel et Bienvenido Apolinar Bretón Medina, rapporte le site de El Caribe.
Le procureur Francisco Dominguez Brito estime que Bautista aurait commis des infractions telles « attentat contre la constitution [dominicaine], faux en écriture publique, faux en écriture privée, faux et usage de faux, prévarication, enrichissement illicite, blanchiment d’avoirs provenant de trafic illicite de drogues et de substances contrôlées, etc. ».
Selon le Listin diario, des parlementaires issus du parti de Bautista, Parti libéral dominicain (Pld), et du Parti réformiste social chrétien (Prsc) considèrent la demande du procureur comme exagéré et un non-sens, vu que le sénateur n’a pas fui son pays.
Le sénateur et hommes d’affaires soutient qu’il s’agit de persécution politique.
Avant cette demande, en début d’octobre 2014, il a été rapporté dans la presse dominicaine que des appartements, des compagnies, des biens meubles, des usines d’asphalte, appartenant au riche sénateur, ont été mis sous séquestre judiciaire.
Cette situation amène à se questionner sur l’avenir de plusieurs chantiers d’infrastructures immobilières et routières, dans lesquels sont engagés des firmes de Bautista en Haiti.
Une enquête de la journaliste d’investigation dominicaine Nuria Piera a révélé, en mars 2012, des transferts d’argent, à partir de comptes des entreprises de Bautista, au profit du président haïtien Michel Joseph Martelly jusqu’au mois de novembre 2011.
Selon l’enquête, des sommes ont également été versées à la rivale de Martelly, la candidate Mirlande Manigat, du Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (Rdnp).
Martelly et Manigat ont tous deux démenti les informations.
Mais Nuria Pierra a rappelé que l’affaire du Watergate aux États-Unis d’Amérique, ayant conduit à la démission du président Richard Nixon en 1974, a tout aussi été démentie par les autorités américaines de l’époque. [efd apr 27/10/2014 11:20]