P-au-P, 24 oct. 2014 [AlterPresse] --- L’équipe au pouvoir semble hésiter encore entre l’utilisation de la force et le dialogue, pour tenter de résoudre la crise socio-politico-économique et pré-électorale, que connaît actuellement le pays, observe l’agence en ligne AlterPresse.
Discours officiels à l’occasion des 208 ans de la mort de Dessalines
Le président Joseph Michel Martelly, le premier ministre Laurent Salvador Lamothe, le président contesté du conseil supérieur du pouvoir judiciaire (Cspj) Anel Alexis Joseph et la ministre de la culture Monique Rocourt ont déposé une gerbe de fleurs au Pont Rouge, au nord de la capitale, pour marquer le 208e anniversaire ans de l’assassinat de Jean-Jacques Dessalines.
« Il faut accepter que ce que Dessalines a fait en 1804, nous ne pourrions jamais le faire aujourd’hui en 2014 », a déclaré Martelly en la circonstance, tout en niant avoir prononcé des propos déplacés à l’encontre des opposants à sa politique.
Martelly a également appelé à considérer cette date du 17 octobre comme « un tournant », un « moment de recul » pour pouvoir avancer.
Activité festive, à allure carnavalesque, contre manifestation
C’est non loin du monument du Pont Rouge (au nord de la capitale), que le gouvernement a décidé de marquer, de façon carnavalesque cette fois, le 208e anniversaire de l’assassinat du planificateur et premier acteur des combats pour l’indépendance d’Haïti, Jean-Jacques Dessalines.
Le gouvernement a annoncé cette disposition, au moyen de textos, expédiés via les compagnies de téléphonie aux consommatrices et consommateurs.
Des discs jockeys (Dj) et des groupes musicaux ont été mobilisés pour assurer une forte ambiance festive.
Cette activité a été organisée en parallèle à une manifestation de protagonistes de l’opposition, annoncée quelques jours à l’avance.
Avec « son » festival (de musique), le gouvernement entendait célébrer la vie et non la mort de Dessalines, a-t-il soutenu.
Pour la circonstance, la ministre de la culture Monique Rocourt a invité les citoyennes et les citoyens à comprendre que « la vision de Dessalines » doit « devenir vivante ».
Don de motocyclettes et de téléviseurs font partie des éléments, apportés pour la réussite de ce festival considéré, par des observateurs, comme une contre-manifestation.
Une union qui gagne en force
De leur côté, les protagonistes de l’opposition ont démarré leur manifestation, le vendredi 17 octovre 2014, dans des quartiers populaires voisins de Delmas (municipalité au nord-est de la capitale).
Contrairement aux rassemblements antérieurs, les manifestantes et manifestants étaient plusieurs milliers pour la journée du vendredi 17 octobre, suivant le constat sur place des journalistes.
L’ambitieux objectif de manifester jusqu’à Pétionville (municipalité à l’est de la capitale), n’a, toutefois, pas été atteint.
Pétionville, quartier voisin de la résidence privée de Martelly, est une zone symboliquement réservée aux gens aisés.
Les policiers nationaux ont utilisé une extrême dose de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants, après maintes modifications du parcours.
Ils ont utilisé des canons à eau à forte pression.
Des journalistes ont été victimes d’une eau contenant une substance, qui provoque des picotements de la peau.
Poursuite des consultations politiques
Dans ce contexte de boycott, Martelly continue de consulter des protagonistes politiques, autour de l’organisation des prochaines élections dans le pays.
Parmi les hôtes de Michel Martelly, l’ancien président René Garcia Préval qui l’a rencontré le mardi 14 octobre.
René Garcia Préval reste le seul président haïtien, ayant bouclé 2 mandats (1996-2001 / 2006 -2011) depuis le renversement de la dictature des Duvalier le 7 février 1986.
Des membres de partis politiques ont aussi été accueillis par Martelly, notamment ceux du parti Ansanm nou fò, rattaché à la mouvance Lavalas, le jeudi 16 octobre 2014.
« Nous allons observer ce que le président va faire des consultations », a signale un dirigeant de partis politiques consultés.
Le 16 octobre également, Martelly a discuté avec l’éducatrice nonagénaire Odette Roy Fombrun (née le 13 juin 1917 à Port-au-Prince), particulièrement connue pour sa longue militance dans le domaine de l’éducation.
Pour penser les changements nécessaires dans l’agriculture
Le ministre de l’agriculture Thomas Jacques annonce la création, au sein de son ministère, d’une direction de l’innovation, à l’occasion de la journée mondiale de l’alimentation, le jeudi 16 octobre 2014.
Cette unité, qui entre la perspective de la lutte contre la faim, devrait concrètement voir le jour d’ici le mois de décembre 2014.
À l’occasion de la journée mondiale de l’alimentation, le 16 octobre 2014, l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao), appelle à « un engagement politique et une approche globale », pour réussir le combat pour l’alimentation.
L’agriculture familiale et l’implication de la société restent d’autres outils à mobiliser dans cette bataille, d’après la Fao.
Jean Bertrand Aristide n’ira pas à l’abattoir, martèlent ses avocats
Les avocats de l’ancien président Jean-Bertrand Aristide, actuellement poursuivi dans le cadre d’un dossier de corruption et trafic de stupéfiants, continuent de rejeter la procédure du juge d’instruction controversé, Lamarre Bélizaire.
« Le président Aristide est prêt à aller devant la justice … mais nous n’allons pas non plus à l’abattoir », indique l’avocat Mario Joseph, au cours d’une conférence de presse, tenue le 16 octobre.
Interdiction des cérémonies de graduation au niveau des cycles précolaire et fondamental
Par circulaire, le ministère de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle (Menfp) annonce l’interdiction formelle, aux directions des écoles publiques et privées, d’organiser des activités de graduation pour les niveaux préscolaires et fondamental.
La seule graduation admise est celle pour les élèves en terminale II, autrement en classe de Philo.
Il est toutefois interdit aux responsables d’établissements scolaires de réclamer des fonds pour l’organisation de cette activité, sans un accord préalable avec les parents.
Plus d’un millier d’Haïtiens reconduits à la frontière par des agents dominicains
De janvier à septembre 2014, 1,448 Haïtiennes et Haïtiens (dont 182 femmes et 44 enfants) ont été reconduits à la frontière haïtiano-dominicaine, par le portail de Belladère (Plateau central).
Ces rapatriés ont, de nouveau, dénoncé les mauvais traitements subis de la part des agents dominicains de migration. [srh kft rc apr 24/10/2014 9:50]