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Haïti-Politique : La municipalité de Petit-Goâve placée sous tutelle administrative et financière de l’Etat central

P-au-P, 20 oct. 2014 [AlterPresse] --- Le Ministère de l’intérieur et des collectivités territoriales (Mict) a pris la décision de placer la commune de Petit-Goâve sous la tutelle administrative et financière de l’État central, en raison des tumultes qui agitent depuis plusieurs semaines cette commune, occasionnant le dysfonctionnement de l’administration municipale, apprend AlterPresse.

Cette décision a été prise par le Mict moins de deux semaines après une tentative de régularisation de la situation, ayant provoqué des échauffourées sur la route nationale numéro 2 (Sud), plusieurs fois en septembre et début octobre 2014, à hauteur de Gressier, Léogâne et Petit-Goâve.

« Un comité est placé à la tête de la mairie en remplacement de l’ancien cartel que dirigeait Sandra Jules. Ce comité va désormais, une fois installée, gérer la municipalité de Petit-Goâve, de manière administrative et financière. Un audit sera fait sur l’administration antérieure, ceci pour assurer la disponibilité des services de bases à l’ensemble de la population Petit-Goavienne », a fait savoir le Mict.

Cette installation doit avoir lieu cette semaine.

Le comité sera composé des employés du Mict, Marc Chavannes à titre de président, assisté de Philippe Gareng et de Elvenson Nelson.

« Ce comité aura également pour mission de favoriser la mise en place de conditions propices au fonctionnement régulier de la commune et à la reprise des activités courantes », lit-on dans le communiqué du Mict.

Le Mict rappelle que la Police nationale d’Haïti (Pnh) a reçu l’ordre de sévir contre tout fauteur de trouble et lance un appel au calme à la population de Petit-Goâve.

L’éventuelle modification de la délimitation territoriale de certaines communes aurait provoqué les tumultes.

Une proposition de loi de réforme géographique, faite par l’actuel président de la chambre basse, le député de la circonscription de Petit-Goâve, Jacques Stevenson Thimoléon, a été adoptée à la chambre basse.

Suivant l’article 3 de ladite proposition de loi, un nouveau département Sud-Ouest/Région les Palmes, qui aurait pour chef-lieu Petit-Goâve, serait constitué de trois arrondissements, Petit-Goâve, Léogane et La Gonâve.

« Le problème de Petit-Goâve n’était pas lié au problème de collectivité territoriale. Il y avait une contestation par rapport à l’agent exécutif intérimaire qui avait la tête de cette mairie, alors que la question de délimitation concerne plusieurs régions dans le pays », a argué le bureau de la communication du Mict.

Le ministère estime qu’une mauvaise communication a été faite sur la question entre la commune de Petit-Goâve et celle de Gressier, faisant croire qu’on allait modifier leurs frontières.

« Ce n’est totalement pas le cas. Il n’en a jamais été question. La mairie continue de fonctionner normalement, tout le personnel est là », renchérit le bureau de la communication.

L’Agente intérimaire principale, Sandra Jules, aurait eu des accointances avec de gros potentats ayant rapport avec l’administration de Michel Martelly, selon les reproches des manifestants.

Le 25 aout 2014, Me André Michel ainsi que Me Newton Saint-Juste, farouches opposants au pouvoir en place, se sont rendus à Petit-Goâve dans la perspective d’aller porter leur solidarité à la presse, en particulier à Basile Simson, journaliste et propriétaire de radio Vision Nouvelle.

« A travers la mairie, la famille du député Stevenson Timoléon ne cesse d’extorquer de l’argent à la population de Petit-Goâve, ce qui est de la corruption », a critiqué Me Newton Saint-Juste.

Contacté à ce sujet, le président de la chambre basse, Jacques Stevenson Timoléon n’a pas voulu réagir.

« Je ne veux pas opiner pour le présent moment, je suis en pleine observation, je suis le fil des événements », a-t-il indiqué.

L’affaire à ce stade tend à prendre la dimension d’une polémique politique puisque Timoléon est réputé proche du pouvoir et Saint-Juste un farouche opposant.

En attendant, la question des limites territoriales dans cette zone voisine et porte d’entrée de la région métropolitaine de Port-au-Prince demeure une préoccupation.

Le Ministère de l’intérieur et des collectivités territoriales (Mict) a projeté d’organiser, fin octobre 2014, un forum national sur la délimitation territoriale des communes, afin de lancer les travaux visant à clarifier les limites actuelles des divisions territoriales en Haïti. [jep kft gp apr 20/10/2014 14 :25]