P-au-P, 16 oct. 2014 [AlterPresse] --- Plus d’un quart des enfants de sexe féminin et plus de 20% des enfants de sexe masculin ont subi des sévices sexuels avant l’âge de 18 ans, selon les résultats d’une enquête nationale (conduite de 2010 à 2012) rendus publics le mardi 14 octobre à Pétionville (à l’est de la capitale).
Les abus sexuels sur les enfants sont décrits, dans cette enquête, comme un problème majeur en Haïti.
« Les résultats de l’étude, communément appelée Violence against children survey (Vacs 2012), dévoilent une réalité alarmante de la situation de violence, exercée à l’encontre des enfants. Une violence insidieuse, une violence généralisée, multiforme, parce qu’on la retrouve dans toutes les sphères de la société, à l’école, dans les familles, dans le secteur religieux. C’est une problématique qui nous interpelle tous », declare Arielle J. Villedrouin, directrice générale de l’Ibser.
Les objectifs, de cette enquête nationale, ont été, entre autres, de décrire l’ampleur et la nature des problèmes, d’évaluer les répercussions sur la santé, d’aider à orienter les programmes et les politiques de protection, de prévention et de réponses.
Dans cette perspective, le Ministère des affaires sociales et du travail (Mast) a lancé officiellement, le mardi 14 octobre 2014, de concert avec l’Institut du Bien-Etre social et de recherches (Ibesr), un processus d’élaboration du plan de réponse contre la violence faite aux enfants, a observé l’agence ligne AlterPresse.
Ledit plan devrait être publiquement présenté en février 2015.
Une situation qui ne doit plus laisser indifférent
Les abus sexuels sur les enfants ne doivent plus être tolérés, ni tus, préconise Charles Jean-Jacques, titulaire au Mast.
A travers le monde, des centaines de millions d’enfants sont exposés à la violence.
« L’Unicef [1] constate qu’environ deux tiers (2/3) des enfants de la planète, âgés de 2 à 14 ans, [soit] près d’un milliard d’enfants [subissent] régulièrement des châtiments corporels. Plus dramatique encore en 2012, environ 95 mille enfants ont été victimes d’homicides chez eux, le plus souvent, aux mains des personnes qui en avaient la garde », déplore Jean-Jacques.
Cependant, le chemin qui reste à parcourir est long et ardu, puisque les lieux de protection de l’enfant sont à réinventer.
« L’enquête sur la violence [faite aux] enfants d’Haïti révèle que plus de la moitié des enfants d’Haïti, âgés de moins de 18 ans, sont en danger dans les lieux légaux et fondamentaux de vie, c’est-à-dire chez leurs familles ».
En Haïti, les actes de violences sexuelles, physiques et émotionnelles sont, en général, des actes simultanés, qu’un tiers des femmes et un homme sur quatre - âgés de 13 à 24 ans - ont subi avant d’atteindre l’âge de 18 ans.
Les femmes seraient plus sujettes que les hommes à subir plusieurs cas de violences dans leur enfance, souligne Charles Jean-Jacques.
« Les données sont difficiles et étonnantes, tristes… Un enfant a les mêmes droits que les adultes. Un enfant victime, c’est déjà un cas de trop. Nous devrons travailler pour éviter que les enfants soient victimes des cas de violence », suggère Pamela White, ambassadrice des Etats-Unis d’Amérique en Haïti.
Le vote de la loi sur la traite des personnes, la loi réformant l’adoption, celle portant sur la paternité responsable, la maternité et la filiationées, sont considérés comme des progrès, au cours de ces dernières années en Haïti, aux yeux de l’ambassade étasunienne dans la république caribéenne.
Des chiffres inquiétants
Un peu plus de 25% des jeunes femmes et un peu plus de 21 % des jeunes hommes ont rapporté avoir été victimes, avant l’âge de 18 ans, de divers types de violences sexuelles.
Parmi les victimes, 17 % ont subi des attouchements sexuels non désirés. 5% des jeunes femmes et 6.5% des jeunes hommes ont été forcés d’avoir des rapports sexuels.
Sur les jeunes de 13 à 17 ans, 19% des filles et 11 % des garçons ont été victimes de deux types de violences sur les 12 mois précédant l’enquête.
Dans l’enquête nationale, conduite de 2010 (après le tremblement de terre du 12 janvier) à 2012 , trois formes de violences sur les enfants ont été analysées : la violence physique (les coups, les menaces à l’arme à feu et à l’arme blanche), la violence émotionnelle (les menaces d’abandon) et la violence sexuelle (incluant les attouchements non désirés, les tentatives de rapports sexuels forcés et les rapports sexuels sous contrainte physique).
2 mille 9 cent 16 (2,916) interviews ont été réalisées, avec un taux de réponse global de 90 %.
Une autre préoccupation, soulevée par les résultats de cette enquête nationale, concerne les jeunes femmes, entre 19 et 24 ans, qui ont été victimes de violence émotionnelle ou sexuelle durant leur enfance.
Plus de la moitié des femmes interrogées ont subi leurs « premiers incidents » d’agression sexuelle entre 16 et 18 ans. Les jeunes garçons ont été sexuellement agressés beaucoup plus tôt, de la part d’agresseurs âgés de plus de 5 ans qu’eux.
« La prévalence de la violence sexuelle est, en général, plus élevée chez les enfants en domesticité. Chez les filles, elle est plus poussée », signale Jean Wysler Domercant, de l’Agence des Etats-Unis d’Amérique pour le développement international (Usaid). [jep kft rc apr 16/10/2014 9:20]
[1] Unicef, dans un rapport récent intitulé « cacher sous nos yeux », une analyse statistique sur la violence envers les enfants.