P-au-P, 13 oct. 2014 [AlterPresse] --- La demande d’extraction de l’ancien président Jean Bertrand Aristide (7 février 1991- 30 septembre 1991 ; 7 février 2001 - 29 février 2004) adressée par le juge Lamarre Belizaire à la police serait incorrecte et impropre, selon les points de vue de plusieurs hommes de loi, interviewés par l’agence en ligne AlterPresse.
Cette demande du juge est « innommable » car ne correspondant pas à la situation, estime le bâtonnier de l’ordre des avocats, Carlos Hercule.
« Pour extraire quelqu’un, il faudrait qu’il soit dans un centre fermé » et surveillé par des gardiens, explique t-il, tout en rappelant à Bélizaire que la loi détermine la manière dont la justice doit fonctionner.
« Ce n’est pas correct. On ne peut faire extraire quelqu’un qui n’était pas en prison. Pour qu’il y ait extraction, il faut que la personne soit en prison après avoir été l’objet d’un mandat de dépôt », précise, pour sa part, l’avocat Camille Leblanc et également ancien ministre de la justice.
Il souligne dans la démarche du juge un usage impropre de termes en rapport surtout à assignation à résidence surveillée et à l’extraction.
Une escalade de mesures ont été adoptés par le juge Lamarre Bélizaire contre Aristide depuis son refus de comparaitre devant son cabinet d’instruction où il a été convoqué, le mercredi 13 août 2014, pour son implication dans un dossier de blanchiment d’argent, de trafic illicite de la drogue et de détournement de fonds publics.
Interdiction de départ, mandat d’amener, assignation à résidence, levée de sa sécurité officielle et demande d’"extraction" d’Aristide de son domicile sont parmi les différentes décisions prises par le juge contre l’ancien président qu’il considère comme un prisonnier.
Après la demande à la police du juge d’instruction d’amener l’ancien président à son cabinet, le vendredi 10 octobre, la Force patriotique pour le respect de la constitution (Forparc) ainsi que des partisans du parti Fanmi lavalas se sont mobilisés devant la résidence d’Aristide pour manifester leur solidarité.
Ils entendent camper en permanence devant la résidence, indique le porte parole de la Forparc, Rony Timothée, joint au téléphone par AlterPresse.
La police n’a pas conduit Aristide au cabinet du juge. Le porte-parole de l’institution est injoignable au téléphone.
Aristide est toujours dans la ligne de mire du juge Lamarre Bélizaire malgré sa récusation par les avocats de l’ancien président.
Cette récusation encore à l’étude à la Cour de cassation devrait contraindre le juge à surseoir automatiquement sur cette affaire, fait savoir Leblanc.
L’interdiction de départ et l’assignation à résidence d’Aristide constituent des abus d’autorité « parce que le juge d’instruction pense qu’il est tout puissant », dénonce t-il.
Le fait pour un citoyen d’exercer ce que la loi lui donne comme étant marge de manœuvres pour se défendre ne pose aucun problème à la justice, explique l’avocat, intervenant sur le refus d’Aristide de se présenter devant le juge récusé.
Plusieurs secteurs dont le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh) voient ce dossier comme une persécution politique. [emb kft gp apr 14/10/2014 11 : 25]