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Haïti-Duvalier : La possibilité d’offrir à l’ex-dictateur des funérailles nationales fait polémique

P-au-P, 7 oct. 2014 [AlterPresse] --- L’idée d’accorder des funérailles nationales à Jean Claude Duvalier fait polémique dans le monde, selon ce qui ressort de l’émission "Appels sur l’actualité" sur Radio France internationale (Rfi), qui a lancé le débat sur la question ce 7 octobre.

L’ancien dictateur est décédé d’un arrêt cardiaque le 4 octobre en Haïti, soit trois ans après son retour d’exil. Il a gouverné sans partage le pays, à la suite de son père François Duvalier entre 1971 et 1986.

Alors que le palais national réputé proche du régime, réfléchit à la possibilité de lui offrir des funérailles et des journées de deuil nationales, les avis sont partagés.

Pour un auditeur à Paris le mieux c’est que Duvalier « soit incinéré et oublié ». Le message de Michel Martelly parlant de lui comme d’ « un authentique fils d’Haïti » est une « faute politique et morale ».

Plusieurs autres appels ont penché pour des funérailles discrètes, intimes, ne dépassant pas le cadre familial du défunt.

Ce serait une « insulte à la mémoire collective haïtienne de parler de funérailles nationales », réagit une femme appelant de Libreville, « une insulte à tous les peuples du monde qui se battent pour sortir des régimes totalitaires ».

Toutefois certains auditeurs ont souhaité que Duvalier ait ces hommages nationaux.

Un Haïtien vivant à Paris a souligné qu’ « il n’y a que la réconciliation » qui puisse sortir le pays de sa situation. Pour lui, les funérailles donneraient l’occasion de « réunir les victimes et les bourreaux, en finir avec la haine ».

Depuis la République démocratique du Congo, une autre personne a appelé à respecter le statut d’ancien président de Duvalier en lui accordant ces funérailles.

Des funérailles nationales mais sans oublier la procédure judiciaire en cours, concède un auditeur à New York.

« Le protocole veut qu’on aille vers les funérailles nationales. C’est un ancien chef de l’Etat et chef de la nation. Est-ce qu’il y aura des journées de deuil ? On ne le sait pas encore, on va se concerter là-dessus », a indiqué le porte-parole de la présidence, Lucien Jura hier 6 octobre.

La possibilité d’offrir des funérailles nationales à l’ancien dictateur risque, cependant, de ne pas être du goût des victimes de son régime qui ont déjà sévèrement critiqué le président Martelly pour son message de sympathie suite au décès de « Baby Doc ».

Duvalier est d’ailleurs inculpé par la justice haïtienne pour crimes contre l’humanité et crimes économiques. [kft gp apr 7/10/2014 12 :45]