P-au-P, 29 sept. 2014 [AlterPresse] --- La Ministre de l’économie et des Finances, Marie Carmelle Jean Marie, a appelé à penser l’après-aide au développement, ce lundi 29 septembre, à l’occasion du lancement de la revue conjointe des portefeuilles de projets financés en Haïti, en grande partie par la Banque Interaméricaine de Développement (Bid) et la Banque mondiale.
Cette revue conjointe des portefeuilles de projets, qui est une première en Haïti, réunit plus d’une centaine de représentants des deux institutions, du gouvernement haïtien, et des partenaires au développement, durant trois jours à Pétionville (périphérie est), soit du lundi 29 septembre au mercredi 1er octobre 2014.
L’idée est de renforcer la coordination entre les partenaires du gouvernement et faciliter l’alignement de leurs interventions aux priorités de ce dernier, a-t-on indiqué.
La ministre Marie Carmelle Jean Marie a toutefois plaidé pour une attention envers l’après-aide.
« Qu’est-ce qu’il faudra faire lorsque la Banque Mondiale ne nous accordera plus de dons, lorsqu’en 2020, les 2 milliards de dollars américains généreusement mis à notre disposition par la Banque interaméricaine de développement (Bid) [se tariront], ou que l’on aura épuisé le dernier centime, qu’adviendra-t-il d’Haïti ? J’aurais aimé que nous pensions sur des solutions d’après-aide, parce que l’aide a une fin, tout a une fin. Nous devons penser sérieusement à prendre en main notre destinée », souligne la ministre.
Mary Barton-Dock, envoyée spéciale de la Banque Mondiale en Haïti, estime pour sa part que « cette revue s’inscrit dans la perspective de jeter un regard critique et sans complaisance sur la qualité du travail (accompli) et vérifier si nous faisons des avancées vers les objectifs de développement que nous nous sommes fixés ».
Le portefeuille actuel de la Banque mondiale est estimé à 794 millions de dollars américains et comprend 15 projets en lien avec le Plan stratégique de développement d’Haïti (Psdh) qui articule la vision du Gouvernement, voulant faire du pays un pays émergent à l’horizon 2030.
Selon la ministre Marie Carmelle Jean Marie, Haïti a reçu ses premiers dons de la Bid en 1972. Ces financements ont servi à la construction de différents axes routiers, dont la route reliant Port-au-Prince aux Cayes.
Une longue période donc de soutien et d’endettement.
Des déclarations récentes ont situé la dette actuelle du pays envers les institutions internationales autour de 4 milliards de dollars.
La ministre Jean-Marie qualifie toutefois ce chiffre de « farfelu ».
La seule dette qu’Haïti a vis-à-vis d’une institution financière internationale ou d’un pays étranger, c’est la dette Petrocaribe, qui s’élève à 1 milliard 2 cent millions de dollars américains.
« Nous avons une dette d’environ 33 millions de dollars envers la Banque de développement du Venezuela [Bandes] pour le financement de l’aéroport du Cap-Haitien, et nous avons une petite dette envers The Opec Fund, qui ne doit pas dépasser les 15 à 20 millions de dollars. Donc je ne vois pas d’où sortent ces 4 milliards de dollars », a-t-elle ajouté.
Le Mef travaille actuellement pour la mise en place d’un fonds qui va adresser le problème de financement de l’investissement productif, fonds annoncé à New-York la semaine écoulée par le premier ministre Laurent Lamothe. [jep kft gp apr 29/09/2014 15 :55]