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Haïti-Droits humains : Sit-in pour la dépénalisation de l’avortement

P-au-P, 26 sept. 2014 [AlterPresse] --- Plusieurs organisations féministes, dont l’Initiative pour un développement équitable en Haïti (Ideh) et la Solidarité des femmes haïtiennes (Solidarite Fanm Ayisyèn/Sofa), ont organisé ce vendredi 26 septembre, un sit-in devant le Ministère à la condition féminine et aux droits des femmes (Mcfdf), pour demander la dépénalisation de l’avortement, constate AlterPresse.

Près d’une trentaine de femmes, la plupart très jeunes, munies de pancartes et vêtues de t-shirt blancs, frappés de slogans revendicatifs, se sont rassemblées devant les locaux du Mcfdf, non loin du champs-de-mars.

Elles ont scandé « A bas l’article 262 du code pénal. La pénalisation n’est pas une solution. Nous voulons être éduquées sexuellement pour pouvoir décider ».

Le sit-in entre dans le cadre d’une journée de mobilisation annuelle contre la pénalisation de l’avortement.

« Cette activité est organisée chaque année, le 28 septembre, dans le but de sensibiliser les jeunes sur les risques de l’avortement et forcer les responsables de l’Etat à prendre des dispositions pour dépénaliser l’avortement », explique la militante et coordonatrice de l’organisation Kay Fanm (en Français maison des femmes), Danièle Magloire.

La sociologue ajoute que c’est une campagne menée dans la zone Caraïbe et Amérique latine.

Malgré la punition légale imposée, l’avortement demeure un problème de santé publique très grave.

Des femmes et des filles continuent de mourir dans des avortements, qui se font dans de mauvaises conditions par de faux médecins (charlatans), alors que celles qui ont les moyens le font dans de bonnes conditions, souligne Magloire.

Si dans la société haïtienne, le sexe reste un sujet tabou, l’avortement l’est encore davantage.

D’ailleurs, la loi haïtienne le condamne sous toutes les formes. L’article 262 du Code Pénal punit, au même titre que la femme qui se fait avorter, les personnes qui l’ont aidée ou assistée.

Le débat sur la possibilité d’une légalisation de l’avortement est très controversé.

Claudine Saintal, directrice exécutive de l’Initiative pour un développement équitable en Haïti (Ideh), croit qu’une dépénalisation totale de l’avortement permettra aux femmes de jouir de leurs droits sexuels.

En mai 2013, le Ministère de la santé publique et de la population (Mspp), a donné le coup d’envoi officiel des discussions autour de cette problématique. Mais les protagonistes, féministes et religieux, se sont séparés sur un désaccord.

Selon les résultats de l’étude EMMUS-V Haïti 2012, sur 352 femmes qui ont avorté depuis 2007 quarante pour cent (40%) ont déclaré avoir eu des complications.

Les avortements qui se font dans de mauvaises conditions constituent la troisième cause de la mortalité maternelle dans le pays, signale Olga Benoit de la Sofa.

Une donnée confirmée par le Mspp. 43% des avortements faits dans de mauvaises conditions, causent que près de 50% de femmes ayant avorté perdent leur vie en sortent avec des complications graves.

Les manifestantes exigent que l’Etat haïtien facilite le processus de la légalisation de l’avortement, et développe des services meilleurs et gratuits pour que les avortements se fassent sans danger.

Il faut aussi, selon elles, mettre en place des moyens pour aider les femmes à avorter sans discrimination et leur éviter ainsi des avortements incomplets. [jep kft gp apr 26/09/2014 15 :30]