P-au-P, 25 sept. 2014 [AlterPresse] --- Les espoirs pour organiser les élections à la fin de l’année 2014 deviennent de plus en plus minces et au sein du gouvernement les yeux se tournent déjà vers le premier trimestre de l’année 2015.
« Il est très probable qu’on n’ait pas d’élections à la fin de cette année. La fenêtre est pratiquement fermée […] sauf si les 6 sénateurs » opposés à l’actuelle politique de l’équipe au pouvoir, « se mettent à travailler », déclare le porte-parole du premier ministre haïtien, Michel Brunache, joint par AlterPresse.
Ces 6 sénateurs sont considérés comme ceux qui tiennent « le pays en otage » au cours d’une interview accordée par Laurent Lamothe à des médias, en marge de sa participation à la 69è session de l’assemblée générale de l’Onu le mardi 23 septembre.
« Si les élections n’ont pas lieu à la fin de l’année, elles se tiendront au cours des 3 premiers mois de l’année prochaine », a ajouté le premier ministre.
Les sénateurs de l’opposition réclament particulièrement la formation du Conseil électoral provisoire avec des représentants de la société civile.
Actuellement le Cep est formé avec les représentants des 3 pouvoirs de l’État.
Ils ont également des doutes que l’actuelle administration politique créera les conditions idéales pour la tenue d’élections transparentes, honnêtes et crédibles.
Leur mandat arrivera pourtant à terme à partir de la deuxième semaine du mois de janvier 2015.
À ce moment là « ils (les sénateurs) ne pourront plus bloquer le processus électoral », le « président de la république prendra ses responsabilités », a renchéri Laurent Lamothe, lors de cette interview.
Quant aux responsabilités du chef de l’État, Michel Brunache explique que par là le premier ministre veut parler d’un « compromis ».
« Il trouvera un compromis pour organiser les élections », au regard de l’article 136 de la constitution haïtienne, précise Brunache.
Cet article stipule : « le Président de la République, Chef de l’État, veille au respect et à l’exécution de la Constitution et à la stabilité des institutions. Il assure le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l’État. »
Des politiciens, dont le coordonnateur de l’Organisation du peuple en lutte (Opl), Sauveur Pierre Étienne, ont appelé le président à la prudence face à l’application éventuelle de cet article.
Selon Associated Press, Lamothe a déclaré que « le président dirigera par décret », certainement au moment où le mandat des sénateurs de l’opposition aura pris fin.
Une déclaration que dément Michel Brunache, affirmant à AlterPresse que « le premier ministre n’a jamais parlé de diriger par décret ».
Pour Wetsner Polycarpe, un des 6 sénateurs farouchement opposés au pouvoir, le gouvernement s’est rétracté en raison « du tollé » qui a suivi cette déclaration.
Diriger par décret, « il faut oublier cela », affirme Wetsner Polycarpe. Le président de la république « n’a pas de provisions légales pour le faire », estime l’élu du Nord.
Le sénateur Polycarpe explique que le Sénat, en janvier 2015, sera amputé d’un deuxième tiers, mais « ne sera pas caduc ».
« On ne pourra tout simplement pas fonctionner avec un quorum, mais nous allons fonctionner comme on peut », souligne Polycarpe.
Les prochains scrutins devront permettre l’élection de 2 tiers du Sénat (20 sénateurs sur 30), la totalité de la chambre des députés, des conseillers communaux et les dirigeants des sections communales. [srh kft gp apr 25/09/2014 17 :00]