P-au-P, 24 sept. 2014 [AlterPresse] --- Alors que l’inauguration du ciné théâtre Triomphe avait été prévue pour fin août 2014, le bâtiment encore entouré de tôles rouges n’a toujours pas accueilli les amants de la culture.
En réalité, aucune date précise n’est encore fixée pour cette inauguration après celle du mois d’aout, indique une source de l’Unité de construction de logements et de bâtiments publics (Uclbp) à AlterPresse.
« Il n’y a pas de chantiers. Les travaux sont totalement terminés (y compris le parking). Maintenant, on attend une date pour inaugurer » le ciné Triomphe, précise la source.
Pourtant des travaux seraient encore en cours, confie un vigile à l’entrée principale de ce ciné théâtre, même si aucune activité n’est repérée de l’extérieur.
Des commerçantes et commerçants du secteur informel, des chauffeurs de taxis motos sont installés aux abords du Triomphe, observe AlterPresse.
Les travaux de réhabilitation et de modernisation du « Triomphe » ont débuté en décembre 2012.
Des achats de propriétés, situées aux abords de ce complexe et approprié à d’autres activités culturelles, ont été annoncés pour pouvoir élargir l’espace.
7 millions de dollars américains (US $ 1.00 = 46.00 gourdes ; 1 euro = 65.00 gourdes aujourd’hui) seraient injectés dans le projet de réhabilitation du Triomphe qui comprend trois espaces, dont deux salles de cinéma et un lieu réservé pour des conférences.
Depuis plusieurs années il n’y a plus aucune salle de cinéma qui fonctionne en Haiti, où les projections publiques de films ne sont organisées qu’occasionnellement dans des lieux non prévus à cet effet.
Le cinéma, les pauvres et l’insécurité
« Le projet de ciné Triomphe est une bonne initiative, mais il n’est pas fait pour les pauvres », estime un résident de la zone faisant allusion aux habitants des quartiers défavorisés.
Est-ce que les pauvres auront vraiment de l’argent pour fréquenter le ciné ? Combien d’argent faudra t-il pour aller au triomphe, s’interroge t-il, constatant qu’aucune action concrète n’est effectuée pour changer les conditions de vie des couches marginalisées.
De plus, les pauvres des quartiers défavorisés qui viendront se divertir au ciné Triomphe ne pourront pas retourner chez eux parce que la sécurité nocturne fait défaut, déplore t-il.
« Toute la sécurité est concentrée dans les quartiers comme Pétionville. Le centre ville n’est pas vraiment sécurisé. Les élèves sont livrés à eux mêmes. Au bas de la ville, c’est pire », se plaint, pour sa part, un commerçant de la zone, requérant l’anonymat.
« Les officiels sont bien sécurisés alors que le peuple est livré à lui-même », dénonce t-il, rappelant que même le marché Croix-des-Bossales n’arrive pas à fonctionner normalement à cause de l’insécurité.
Depuis la semaine dernière, des tirs sporadiques sont entendus dans les marchés publics situés au bas de la ville.
Le jeudi 21 août 2014, 6 personnes ont été abattues au marché de Croix-des-Bossales par des membres de gangs qui ont également volé des marchandises.
Fin août 2014, la commission épiscopale Justice et paix (Jilap) de l’église catholique romaine a critiqué le laxisme des autorités haïtiennes, face à l’insécurité grandissante, notamment dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. [emb kft gp apr 25 /09/2014 14 : 30]