Communiqué de Reporters Sans Frontières
Transmis à AlterPresse le 11 septembre 2014
Au moins cinq journalistes ont été victimes d’agressions physiques ou verbales pendant le dernier mois à Petit-Goâve, ville côtière au sud de Port-au-Prince.
Le 9 septembre 2014, le journaliste Guyto Mathieu, directeur de la radio Préférence FM et correspondant du site d’information Haïti Libre, a été victime d’insultes et de propos dégradants à plusieurs reprises. D’après le cercle de journalistes de Petit-Goâve, ces agressions verbales viennent d’un groupe d’opposition au pouvoir local et font suite à des menaces proférées contre le journaliste pendant une manifestation, le 4 septembre dernier. Les manifestants voient en Guyto Mathieu un défenseur et partisan du député Jacques Stevenson Thimoléon, une des cibles des attaques de l’opposition.
La polarisation dans la politique locale a fait d’autres victimes dans la presse de la région au cours du mois dernier. Toujours selon le cercle des journalistes de Petit-Goâve, le reporter Ephesien Joseph a été attaqué par des manifestants, soutiens du député Jacques Stevenson Thimoléon, le 29 août dernier. Plus récemment, le journaliste Duralph Emmanuel François a lui aussi été victime d’agressions, tandis que le directeur de la radio Vision Plus, Gibsonne Bazile, a été menacé d’arrestation par le pouvoir judiciaire de la ville.
“Reporters sans frontières exhorte les autorités locales à assurer la protection des journalistes à Petit-Goâve, trop souvent identifiés comme des acteurs politiques dans un contexte de haute polarisation, déclare Camille Soulier, responsable du bureau Amériques de l’organisation. Les défenseurs du pouvoir local et les représentants de l’opposition doivent se concerter pour mettre fin à ces agressions répétées contre les journalistes dans la région.”
Le mouvement de protestation à l’encontre du député Thimoléon et de la maire de Petit-Goâve, Sandra Jules, accusée par l’opposition de détournement de fonds, continue malgré l’interdiction par le ministre de la Justice de manifester sur tout le territoire haïtien pendant la semaine de rentrée des classes.
Haïti occupe le 47e rang sur 180 pays dans l’édition 2014 du Classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières.