Par Emmanuel Marino Bruno
P-au-P, 8 sept. 2014 [AlterPresse] --- Malgré la campagne médiatique, lancée par le ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (Menfp) pour rendre effective, ce lundi 8 septembre 2014, la rentrée des classes pour l’année académique 2014 - 2015, les élèves et professeurs ont été peu nombreux à fréquenter les salles de classes, observe l’agence en ligne AlterPresse.
Les différents lycées visités, comme les lycées Alexandre Pétion et Fritz Pierre-Louis, ont fonctionné timidement.
Seulement 20 pour cent se sont présentés en salle de classes, indique un préfet de discipline dans la cour du lycée Fritz Pierre-Louis.
« La première journée est très timide au lycée Fritz Pierre-Louis. Plusieurs classes, comme celles de la 7e, 8e et 9e années fondamentales, ont été fusionnées à cause du manque d’élèves et de professeurs présents », explique-t-il.
« Les autorités incitent toujours les élèves à venir à l’école, sans tenir compte des enseignants. C’est une manœuvre pour justifier la réouverture », critique un professeur de Français à ce lycée, requérant l’anonymat.
« Lorsque vous (le gouvernement) ne voulez pas payer les professeurs, vous ne pouvez pas parler de réouverture des écoles », avance cet enseignant, à qui l’Etat doit un an d’arriérés de traitements.
Il aurait dû y avoir d’autres mesures, prises à la base, pour préparer la réouverture des classes, comme le paiement des arriérés de salaires des professeurs, en plus des dispositions prises par le Menfp, estime cet enseignant.
Des revendications et propositions ont été exprimés par plusieurs syndicats d’enseignants, comme le paiement des arriérés de traitements à plus d’un millier d’enseignantes et d’enseignants, l’assistance aux parents vulnérables et le respect des promesses, faites dans le cadre de l’accord trouvé, au début de l’année 2014, entre le Ministère de l’éducation nationale et les syndicats d’enseignantes et d’enseignants.
Le paiement de 13 mois d’arriérés à plus de 1,000 enseignantes et enseignants est promis pour fin septembre 2013 par le Menfp.
Dans le cas, où, au cours du mois d’octobre 2014, aucune mesure concrète de nomination des professeurs et des suppléants n’est effectuée, l’échec aux examens officiels - pour cette nouvelle année académique 2014-2015 - sera le double de l’année 2013-2014, anticipe l’enseignant rencontré.
Il attribue aussi les échecs des élèves, aux examens officiels de l’année écoulée, au non paiement des enseignantes et enseignants.
70% des élèves en baccalauréat 1re partie (Bac I) et 50% en baccalauréat 2e partie (Bac II), à l’échelle nationale, n’ont pas réussi à la session ordinaire des examens officiels 2014.
A date (8 septembre 2014), seuls les résultats pour cinq départements (Sud, Centre, Nippes, Nord-Est, Sud-Est), pour la session extraordinaire des examens de Bac I et Bac II (août 2014) sont disponibles.
Les autorités devraient laisser tomber l’organisation des carnavals pour payer les professeurs, si elles voulaient vraiment une réouverture appropriée des classes, considère un professeur interrogé par AlterPresse.
Le président Joseph Michel Martelly a organisé, depuis 2012, six carnavals dans le pays.
Dans un message, préenregistré pour la rentrée scolaire, Martelly a formé officiellement des voeux, ce lundi 8 septembre, pour l’ouverture de l’année académique.
Au moment de l’ouverture des classes, « il y a beaucoup de familles, de mères et de pères, qui ont des problèmes, car ils n’ont pas les moyens d’acheter les uniformes et les livres, pour que leurs enfants puissent aller à l’école », reconnaît Martelly.
« Nous n’avons pas reçu un grand volume d’élèves par classe. Sur l’ensemble, 30 pour cent d’élèves ont été présents », indique Nicolas Mathurin, le directeur du lycée Alexandre Pétion, soulignant combien la réouverture des classes est toujours timide durant les premiers jours.
C’est une très bonne mesure d’ouvrir l’école en septembre, parce que cela permet aux élèves de ne pas perdre trop de jours de classes, applaudit Mathurin.
Les autorités devraient comprendre que l’école ne pourrait pas ouvrir ses portes au cours du mois de septembre (2014), compte tenu de la crise économique actuelle et du chômage généralisé existant dans le pays, déplore un parent d’élèves et également militant politique.
« C’est une société d’exclusion. Les autorités (au pouvoir) travaillent pour un groupe de gens, non pour la majorité des couches défavorisées », fustige-t-il.
« L’école ne saurait être pour une minorité, mais aussi pour la majorité défavorisée. Cette réouverture des classes est une catastrophe », considère-t-il.
L’éducation gratuite devrait être effective dans toutes les écoles publiques et privées pour les enfants en préscolaire, souhaite ce parent d’élèves.
Les élèves du lycée Anténor Firmin ont été renvoyés chez eux, en raison d’un manque de préparatifs pour les accueillir, indiquent plusieurs de cet établissement public interrogés par AlterPresse sur le chemin du retour.
La réouverture du lycée Anténor Firmin aurait été reportée au mercredi 10 septembre.
Plusieurs écolières du lycée du cent-cinquantenaire (lycée de jeunes filles) ont été remarquées sur la cour de l’école, alors que d’autres, assises dans leurs salles de classe, étaient en attente d’éventuels professeurs, a constaté AlterPresse.
En dépit des dispositions annoncées par le Menfp, pour faciliter la réouverture des classes, les préparatifs, mis en place dans plusieurs écoles publiques, ont été insuffisants dans divers endroits du pays, notamment à l’Ile de la Gonâve où la rentrée scolaire constitue un cauchemar. [emb kft rc apr 08/09/2014 15:25]