P-au-P, 05 sept. 2014 [AlterPresse] --- Suicide politique, menaces, bataille judiciaire, évasion de détenus dans une prison dite « de haute sécurité » et échec scolaire : les ingrédients se sont sagement mélangés, en août 2014, pour un cocktail mélodramatique des plus forts en Haïti, relève l’agence en ligne AlterPresse.
Quand, le dimanche 10 août 2014, plus de 300 prisonniers se font la malle, depuis la prison réputée sécurisée de la Croix-des-Bouquets (municipalité au nord-est de la capitale), la presse s’enflamme.
Des gardiens de la prison sont remis en cause, alors que la Police nationale d’Haïti (Pnh) souffre déjà d’une longue liste de brebis galeuses, que l’inspection générale dit vouloir extirper de son sein.
La présence, parmi les fugitifs, de l’homme d’affaires - écroué notamment pour kidnapping -, Clifford Brandt, suscite mille hypothèses.
Pour le gouvernement de Laurent Salvador Lamothe, qui ne jure que par le tourisme et l’ouverture aux investissements étrangers, l’évasion spectaculaire du 10 août 2014 a la teneur d’une gifle.
Au niveau scolaire, l’Exécutif est, d’ailleurs, forcé de tendre l’autre joue après l’annonce des résultats des examens officiels d’Etat de juin et juillet 2014.
Le président Joseph Michel Martelly, qui dit avoir fait de l’éducation une priorité, reçoit une claque violente.
Tous les voyants sont au rouge. Plus de 400 écoles enregistrent 0% de performance aux examens de la 6e année fondamentale.
Pourtant, l’administration politique actuelle en place ne semblerait point se faire de souci.
Entre l’école en crise et le système pénitentiaire à l’agonie, une attitude zen dans la communication officielle, des sourires même. L’heure n’est pas si grave ?
Pendant ce temps, l’insécurité frappe dans les quartiers de Port-au-Prince.
Selon le dernier bilan officiel fourni, plus d’une soixantaine de fugitifs ont été rattrapés.
Parallèlement, un autre individu est dans le viseur des autorités : Jean-Bertrand Aristide.
L’ancien président fait l’objet d’un mandat d’amener, après avoir refusé de se présenter, le 13 août 2014, au cabinet du juge d’instruction, Lamarre Bélizaire.
Des manifestants ont bloqué l’entrée de sa demeure avec des barricades de pneus usagés enflammés.
Corruption, détournement de fonds publics et trafic illicite de stupéfiants, les casseroles de l’ancien curé de l’église catholique romaine St Jean Bosco de Port-au-Prince, hissé à la présidence pour la première fois en 1990, sont lourdes.
Les avocats d’Aristide, qui ne tremblent pas, décident de récuser le juge Bélizaire « pour cause de suspicion légitime ».
Un autre avocat, André Michel, est, dans la foulée, inculpé par le juge Bélizaire dans une affaire d’assassinat.
Michel est membre du Mouvement patriotique de l’opposition démocratique (Mopod), qui, depuis plus d’un an, s’inscrit dans une lignée radicale voulant, coûte que coûte, la démission de Martelly.
La bataille juridique a, donc, une saveur électorale, alors que les élections législatives partielles, municipales et locales, se disputent, non pas dans les urnes, mais au sénat.
Un front s’agite, suite à la menace de 5 sénateurs de démissionner, le lundi 8 septembre 2014, au cas où les amendements à la loi electorale ne sont pas votés.
Parallèlement, le président du Sénat, Dieusseul Simon Desras, écrit au président Michel Martelly pour solliciter un nouveau dialogue.
Martelly lui propose, en retour, son aide pour le vote des amendements électoraux.
Les élections sont en retard de plus de trois ans, les partis politiques et le pouvoir en place luttant, non pas pour le plus grand nombre d’électrices et d’électeurs, mais de membres du Conseil électoral.
Suivant l’accord du 14 mars 2014, les joutes devraient avoir lieu les 26 octobre et 28 novembre.
Par correspondance adressée à Martelly, le conseil électoral provisoire a, toutefois, annoncé combien cette échéance était impossible à respecter. [kft rc apr 05/09/2014 1:00]