P-au-P, 1er sept. 2014 [AlterPresse] --- La persistance de la crise préélectorale, articulée à la situation inextricable du dialogue entre le pouvoir et l’opposition, alimentent le doute sur la volonté et la possibilité de sortir, à court terme, de l’impasse politique, relève l’agence en ligne AlterPresse.
Organiser les élections parlementaires et des collectivités territoriales en Haïti, d’ici la fin de cette année 2014, et éviter la caducité du parlement, en janvier 2015, se révèlent un véritable défi.
Les élections concernent 20 sénateurs, 112 députés, 140 maires, 570 Conseils d’administration de sections communales (Casec) et 570 Assemblées de sections communales (Asec).
Ces compétitions devraient être organisées depuis novembre 2011 pour le remplacement de 20 sénateurs et 112 députés. Elles concernent aussi 140 conseils municipaux, dont les fonctions sont accomplies par des agents exécutifs intérimaires nommés par l’exécutif, ainsi que 570 Conseils d’administration de sections communales (Casec) et 570 Assemblées de sections communales (Asec).
Dialogue, jeu de correspondances
Ce 1er septembre 2014, la rencontre entre le président Joseph Michel Martelly, le président du Sénat, Dieusseul Simon Desras et 6 sénateurs farouchement opposés au pouvoir, n’a pas eu lieu.
Dans la presse, l’un de ces sénateurs, Francky Exius, explique que le palais national, lieu du rendez-vous proposé par le chef de l’État, est inapproprié pour une rencontre avec des sénateurs de l’opposition « qui se respectent ».
De surcroît, avance-t-il, l’invitation n’a pas touché les partis de l’opposition.
Cette rencontre devait contribuer à aplanir le terrain et ouvrir la voie à l’amendement de la loi électorale de novembre 2013, démarche incontournable en vue de la réalisation des prochaines élections.
Après avoir rejeté en douce une proposition du bureau du sénat pour une « rencontre tripartite » entre l’exécutif, le bureau du sénat et les partis regroupés au sein de l’opposition démocratique, la présidence a, elle-même, lancé une invitation aux sénateurs qui lui sont opposés.
Le premier ministre Laurent Lamothe affirme que son gouvernement a tout fait pour parvenir à la tenue des élections avant la fin de 2014.
Au micro de Radio France Internationale, il assure que les dirigeants de la république travaillent « jour et nuit pour avoir des élections avant la fin de l’année [2014] ».
Ambiance de suspiscion
Mais, ce qui prévaut, c’est la suspiscion de part et d’autre.
Dans cette ambiance, l’une des exigences des sénateurs de l’opposition est la refonte de l’actuel Conseil Électoral Provisoire (Cep) récemment replâtré.
Ils prônent l’application de l’article 289 de la Constitution, qui prévoit la délégation, par divers secteurs de la société haïtienne, de 9 personnalités pour constituer le conseil.
D’autre part, Jean-Charles Moïse, Francky Exius, John Joël Joseph, Jean-Baptiste Bien-Aîmé, Westner Polycarpe, Jean William Jeanty sont catalogués de sénateurs « kamikazes » par Michel Brunache, porte-parole du premier ministre.
Pour le ministre de la communication, Rudy Hériveaux, les 6 sénateurs « font tout pour tenter de prendre en otage la démocratie ».
De leur côté, 5 sénateurs, proches du pouvoir, renouvellent leur menace de démissionner, afin de provoquer la caducité du parlement.
Ce qui, à leur jugement, devrait faciliter la tâche à Martelly, qui aurait à diriger par décret.
Enjeux
Alors que le temps passe, il est évident que la situation est stationnaire et le mécanisme politique semble bloqué.
Que se passera-t-il si Haïti rate l’échéance électorale 2014 ? Martelly pourra-t-il gouverner par décret ?
Y aura-t-il des élections législatives et locales, séparées des présidentielles attendues pour 2015, ou bien simplement des élections générales ?
Face à ces perspectives, comment réagira la population haïtienne ? Quelle sera la position de la communauté internationale, très présente dans le processus politique haïtien ? [edf gp apr 01/09/2014 17:00]