Par Lafontaine Orvild
P-au-P, 1er sept. 2014 [AlterPresse] --- Haïti risque d’être exposée à l’épidémie d’Ebola « si des mesures drastiques ne sont pas prises par les autorités », avertit le docteur et professeur à l’Université, Junot Félix, lors d’une conférence-débats, le vendredi 29 août 2014, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
« Les risques de contamination au virus d’Ebola sont très élevés en Haïti, du fait que certains contingents des casques bleus entrent et sortent dans le pays sans aucun contrôle », fait remarquer Dr Félix, intervenant sous le thème « Système de santé haïtien face aux risques épidémiques mondiaux ».
Le pire, « l’Etat haïtien n’a plus le contrôle des frontières du pays », ajoute-t-il.
Quel hôpital haïtien serait en mesure de fournir des soins intensifs ?
Que faire pour empêcher que le pays soit atteint de l’épidémie d’Ebola ?
Quels comportements devraient adopter la population et les autorités étatiques pour faire face à cette épidémie ?
Autant de questions qui devraient interpeller la conscience de l’Etat haïtien, en général, et la population, en particulier.
Prix payés, dus à la déficience du système de santé en Haïti
Entre 2010 à 2014, Haïti est frappée par deux épidémies qui ont fait beaucoup de victimes.
Le choléra, à partir d’octobre 2010, et le chikungunya, à partir de mai 2014, ont laissé un mauvais souvenir pour le peuple haïtien.
Vu le mode d’intervention et de gestion de l’Etat de ces épidémies, le système de santé, qui se révèle déficient en Haïti, ne peut plus faire face aux risques épidémiques mondiaux, qui planent sur le pays.
Début août 2014, la titulaire du Ministère de la santé publique et de la population (Mspp), Florence Duperval Guillaume, a tenté de rassurer la population, à la suite de rumeurs, selon lesquelles le virus Ebola se serait répandu sur Haïti.
Des dispositions ont été prises pour accentuer la surveillance épidémiologique face aux maladies de fièvres Jaune et Ebola, indiquait le Mspp.
« Toute personne venant d’Afrique doit être munie de sa carte de santé pour pouvoir entrer dans le pays », annonçait le Mspp.
Pourtant, le Mspp « ne peut à lui-seul enrayer cette maladie. C’est tout le système de santé qui devrait être mis en branle », argue Dr. Félix.
« Cette maladie [Ebola] exige des soins intensifs, alors qu’en Haïti il n’y a pas de structures hospitalières, qui seraient en mesure de fournir des soins intensifs aux éventuelles patientes / éventuels patients », se désole le médecin, soulignant combien l’Hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti (Hueh) n’a pas la capacité de fournir, aujourd’hui, des soins intensifs.
Ebola, une maladie virale aiguë
Ebola est l’une des maladies virales les plus graves connues chez les êtres humains. Le taux de létalité peut atteindre 90%.
Cette maladie attaque le foie, les poumons, le cœur et les reins. Les 90 pour cent des personnes atteintes du virus Ebola sont décédées.
Il n’existe, pour le moment (à date, août 2014) aucun traitement ni vaccin. La prise en charge repose généralement sur un traitement symptomatique.
La maladie se caractérise souvent par l’apparition brutale d’une forte fièvre, supérieure à 38.5°, une faiblesse intense, des douleurs musculaires, des maux de tête et une irritation de la gorge.
Ces symptômes sont suivis de vomissements, de diarrhées, d’éruptions cutanées, d’insuffisance rénale et hépatique et, dans certains cas, d’hémorragies internes et externes.
Le virus Ebola se transmet aux êtres humains, à partir d’animaux sauvages, et se propage ensuite dans la population par transmission interhumaine : par contact direct avec le sang, les liquides biologiques ou les tissus des sujets et animaux infectés.
Le temps d’incubation d’Ebola varie entre 2 à 21 jours.
Que faire ?
Le système de santé en Haïti est défaillant et risque d’empirer.
Cependant, l’Etat pourrait épargner le pays d’une éventuelle présence de cette maladie mortelle.
« Il faut mettre un contrôle sur les contingents de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) qui partent en vacances en Afrique », souhaite Félix.
Le virus Ebola constitue, désormais, une urgence de santé publique de portée mondiale, a déjà décrété l’Organisation mondiale de la santé (Oms), dans la perspective de juguler la marche de cette épidémie.
« Assurer une surveillance rigide des structures portuaires et aéroportuaires, éduquer aux risques les personnels de la santé et la population, afin d’aider l’Etat à faire des préventions » sont parmi les suggestions faites par Dr. Junot Félix, n’écartant pas la possibilité qu’Haïti « soit exposée à d’autres maladies beaucoup plus menaçantes qu’Ebola ». [lo emb rc apr 01/09/2014 15:50]