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Haïti-Justice : Des partis politiques condamnent l’agression, subie par deux avocats du barreau de Port-au-Prince à Petit-Goâve

P-au-P., 27 août 2014 [AlterPresse] --- Des responsables de partis politiques dénoncent l’agression publique, subie, le lundi 25 août 2014, par André Michel et Newton Louis Saint Juste, deux avocats du barreau de la capitale Port-au-Prince, en plein exercice de leur fonction au Parquet du tribunal de première instance de Petit-Goâve (Ouest, à 68 km au sud de Port-au-Prince).

Le Mouvement patriotique de l’opposition démocratique (Mopod) dit protester « énergiquement contre » cette « action répréhensible des bandits armés de Petit-Goâve, qui agissent apparemment en toute impunité et qui ont déjà tout fait pour convertir cette partie du pays en une zone de non-droit, où le port et l’usage illicites des armes à feu demeurent monnaie courante ».

Cette agression aurait été conduite par une quinzaine d’individus, munis d’armes à feu et de bâtons, qui agiraient au nom et sous la protection du député de la circonscription, Jacques Stevenson Thimoléon, président de la Chambre des députés et partisan zélé du régime au pouvoir (du président Joseph Michel Martelly et du premier ministre Laurent Salvador Lamothe), relève l’ingénieur-agronome Jean André Victor, coordonnateur de Mopod, dans une note acheminée à AlterPresse.

Récemment, des lettres, contenant des cartouches, ont été adressées à Roney Innocente Desgranges, la correspondante de Radio Kiskeya à Petit-Goâve, et à Gibson Bazile, le directeur général de Radio Télévision Plus, une station émettant à Petit-Goâve, en guise de menaces de mort.

Le nom du député Jacques Stevenson Thimoléon aurait été cité, encore une fois, dans cette affaire de menace contre la presse.

Joint au téléphone par AlterPresse, le député Thimoléon rejette en bloc toutes les accusations portées contre lui.

Il conseille les personnes lésées de porter cette affaire d’agressions et de menaces par-devant la justice pour les suites nécessaires.

« Le jour où j’arrive à ce niveau dans la politique, je préférais la laisser tomber. Il y a d’autres choses que je peux faire », réagit le député Thimoléon, qui assimile ces accusations à de la provocation.

André Michel et Newton Saint-Juste étaient venus s’enquérir des circonstances, dans lesquelles des violences auraient été exercées contre la population de Petit-Goâve, le dimanche 17 août 2014.

Les avocats n’ont eu la vie sauve que grâce à la vigilance des autorités du parquet, qui les auraient cachés au greffe du tribunal dans un premier temps.

Par la suite, des agents de la Police nationale d’Haïti (Pnh) et de la mission onusienne les auraient accompagnés, sous forte escorte, jusqu’à la localité de Carrefour Dufort où, libérés de toutes menaces, ils ont pu reprendre la route en direction de Port-au-Prince.

Ce qui s’est passé, « révèle [combien] le droit à la vie des opposants au pouvoir de l’administration Martelly/Lamothe ne tient plus qu’à un fil », dans la circonscription de ce parlementaire et [combien] « la violence organisée a pris un nouveau tournant dans ce périmètre, dominé par ce tout-puissant », dénonce le Mopod, dans une note de presse datée du 26 août 2014.

Indépendamment des suites légales, que les victimes pourront donner à cette affaire, le Mopod sollicite l’intervention des organismes de droits humains, du barreau des avocates et avocats de Port-au-Prince, de l’office de la protection de la citoyenne et du citoyen (Opc) et de toutes les institutions concernées.

Avec de tels actes, comme ceux enregistrés à Petit-Goâve le lundi 25 août 2014, « les vieilles pratiques dictatoriales refont surface », déplore le parti politique Congrès national des mouvements démocratiques (Konakom), condamnant avec la plus grande véhémence et indignation ces types d’agressions et intimidations.

« La ville subit une répression en règle des sbires, qui seraient attachés au régime Martelly-Lamothe. Ceci est un prélude au climat de violence, que les dirigeants actuels comptent installer dans le pays, pour la tenue d’élections frauduleuses et officielles qu’ils voudraient organiser », met en garde le Konakom dans une note émise le 26 août 2014.

Dans la soirée du dimanche 17 au lundi 18 août 2014, 43 personnes auraient été blessées, dont deux par balles, à la suite d’actes de « fusillade » policière, lors de la commémoration de la fête patronale de cette ville. [mm emb rc 27/08/2014 11:30]