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Haïti-Elections : Des dispositions méthodologiques claires, exigées comme préalables à tout dialogue

P-au-P, 22 août 2014 [AlterPresse] --- Plusieurs protagonistes politiques exigent la définition de dispositions claires, avant de participer à un dialogue avec l’exécutif, selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.

« Nous ne pouvons pas entrer dans une affaire aussi fondamentale, aussi importante, sans méthodologie, sans connaître de quelle manière les décisions vont être prises », prévient le coordonateur du Mouvement patriotique de l’opposition démocratique (Mopod), l’ingénieur-agronome Jean André Victor.

Le parti Mopod se dit, tout de même, d’accord avec le principe de l’ouverture d’un dialogue entre les différents protagonistes, y compris l’exécutif.

Le Mopod encourage les sénateurs à adopter une certaine prudence pour ne pas répéter les erreurs, commises lors du dialogue d’El Rancho (mars 2014) ayant impliqué différents protagonistes.

Pas question de prendre part à n’importe quel dialogue, qui ressemble à des manœuvres politiques, semble être aujourd’hui le mot d’ordre.

Ces derniers temps, le gouvernement se montre de plus en plus tenté par l’application unilatérale, insiste-t-il, de l’article 12 du 14 mars 2014, dit accord d’El Rancho, en vue de passer outre du sénat.

Ce que conteste la Conférence épiscopale (catholique romaine) d’Haïti (Ceh), qui s’est assigné le rôle de médiatrice dans les pourparlers ayant abouti à l’accord du 14 mars 2014.

Une tentation unilatérale, que rejettent diverses voix, dans le milieu politique, qui mettent en garde contre le risque d’une aggravation de la crise pré-électorale, au cas où l’exécutif s’entêterait à mettre à exécution sa menace d’organiser des élections, dans n’importe quelle condition, avant la fin de l’année 2014.

Or, le même exécutif semble s’être complu dans la non adoption, depuis 2011, de dispositions structurelles pour un déroulement de scrutins pertinents.

Entre 2012 et 2014, le même exécutif a mis en place, dans l’arrogance, sans tenir compte des observations de la classe politique, trois structures de conseil électoral provisoire (Cep) qui n’ont pu délivrer aucun scrutin, jusqu’à parvenir, finalement, à une quatrième structure de Cep, apparemment acceptée par les partis en lice sur l’échiquier politique.

Le président Josseph Michel Martelly ne s’est embarrassé d’aucun scrupule pour mettre en place, dans des conditions qualifiées d’ « irrégulières et provocatrices », trois structures, respectivement dirigées par Josué Pierre-Louis (un conseil de 6 membres), Emmanuel Ménard et Fritzo Canton.

« Si l’on doit retourner à la table des négociations pour un dialogue, à priori, il ne faut pas que ce soit dans n’importe quelle condition. Il faut que l’agenda soit connu. Il faudrait aussi que les gens soient bien répartis autour de la table pour qu’on ne mette pas 108 partis autour d’une seule table », prévient, pour sa part, le coordonnateur adjoint de la Fusion des socio-démocrates, Alix Richard.

Il rappelle l’expérience désastreuse que le parti Fusion avait eue dans le cadre du dialogue d’El Rancho de mars 2014. Un « état de faits », qui avait poussé Fusion à claquer la porte, lors des pourparlers, sans avoir participé au processus entier d’échanges.

De son côté, le sénateur du Nord, Jean-Charles Moïse, annonce déjà son refus de prendre part à ce dialogue qui se soldera, dit-il, par un échec.

« Comme institution, concernée par la crise électorale, le sénat ne peut, en aucun cas, entretenir ces rencontres. Le sénat fait partie des protagonistes à la base de cette crise », relève Moïse.

D’autres entités, dans la vie nationale, devraient jouer le rôle de médiatrice, à l’exemple du barreau de Port-au-Prince, des organisations de droits humains, mais non le sénat de la république, souhaite Moïse.

Ce dialogue souhaité serait une façon de débloquer la situation au sénat, en ce qui concerne le vote des amendements dans la loi électorale de 2013 (ratifiée par les 2 chambres), nécessaire à l’organisation des scrutins attendus.

Les législatives partielles, fixées unilatéralement au 26 octobre 2014 par le président Joseph Michel Martelly, et les élections locales, au 28 décembre, semblent de plus en plus hypothétiques pour 2014.

Toutefois, l’un des instigateurs de ce dialogue annoncé, le sénateur de l’Ouest Steven Irvenson Benoit, dit attendre une correspondance de la présidence, avant d’envoyer une invitation de participation aux partis politiques. [jep emb rc apr 22/08/2014 08:40]