Correspondance Exalus Mergenat
Saint-Marc, 29 août 2014 [AlterPresse] --- Maudelaire Augustin est reconnu coupable d’avoir blessé mortellement, le 17 mai 2013, Pierre-Richard Alexandre, journaliste correspondant de la station privée Radio Kiskeya à Saint-Marc (Artibonite), à 96 km au nord de Port-au-Prince.
Tel est le verdict, prononcé, le lundi 18 août 2014, par le tribunal criminel de Saint-Marc.
Maudelaire Augustin devra aussi verser les sommes d’un million de gourdes (US $ 1.00 = 46.00 gourdes ; 1 euro = 65.00 gourdes aujourd’hui) de dommages et intérêts à la famille du journaliste et de 3 mille gourdes à l’Etat haïtien.
Le journaliste Pierre-Richard Alexandre avait rendu l’âme, à l’hôpital Saint-Nicolas de Saint-Marc, le 20 mai 2013, soit 3 jours après ses blessures par balle.
Le père du journaliste décédé se déclare insatisfait de la sentence du tribunal criminel de Saint-Marc, condamnant l’assassin de son fils à seulement 5 ans de prison.
« L’assassin de mon fils a déjà passé une année en prison. Au nom de la loi Lespinasse, il recouvrera sa liberté après 4 ans, pour vaquer à ses activités. Moi, je ne reverrai plus mon fils, dont le départ a laissé un vide au niveau de la famille », déplore le père du défunt journaliste.
Le dossier, engageant la famille du journaliste Pierre-Richard Alexandre et Maudelaire Augustin, a été entendu à l’occasion des assises criminelles, sans assistance de jury, déroulées le 13 août 2014 au palais de justice de Saint-Marc.
Mécontent du verdict à l’encontre de son client, l’avocat Arsène Dieujuste a annoncé un recours en cassation.
Selon lui, Maudelaire Augustin n’aurait pas eu la volonté de tuer le journaliste.
« Après avoir blessé involontairement le journaliste, qui était son ami, Maudelaire Augustin a fait diligence pour le transporter, en urgence, Pierre-Richard Alexandre à l’hôpital et acheter des médicaments », se défend l’avocat Dieujuste, qui est un ancien député de la circonscription des Gonaïves (chef-lieu du département de l’Artibonite).
« Je n’ai aucun problème avec la somme d’un million de gourdes de dommages et intérêts, que devra verser mon client à la famille Alexandre. La vie n’a pas de prix, il faut reconnaître le côté moral de la question. Mais, je vais tout faire pour combattre la peine de 5 ans », promet l’avocat d’Augustin.
Il a profité pour dénoncer ce qu’il appelle une erreur de procédure dans le dossier, qui aurait dû, à son avis, être finalisé à la cour d’appel des Gonaïves.
Dans un arrêt, rendu le 27 mars 2014, la cour d’appel des Gonaïves avait ordonné la reprise de l’instruction de ce dossier, sur lequel les juges ne pouvaient pas rendre une décision définitive par manque d’éléments.
Le juge, qui avait nouvellement instruit ce dossier à Saint-Marc, devrait le retourner à la cour d’appel des Gonaives, pour finalisation et arrêt définitif, estime Me. Arsène Dieujuste.
Maudelaire Augustin est le quatrième prévenu, condamné, entre 2013 et 2014, pour avoir tué un journaliste ou un membre de média dans l’Artibonite.
Le mercredi 13 août 2014, la justice aux Gonaïves a condamné, à neuf ans de prison, Wilford Ferdinand et son cousin Alix Suffrant, reconnus respectivement comme auteur intellectuel et exécutant dans l’assassinat, dans la nuit du 12 au 13 avril 2007, de l’ancien journaliste correspondant du journal Haïti Progrès, Johnson Edouard, aux Gonaïves.
Le 17 janvier 2013, le tribunal criminel des Gonaïves a condamné à perpétuité le nommé Jerry Bien-Aîmé, reconnu comme le principal assassin, le 16 mai 2007, de l’ancien administrateur de la Télé Radio Provinciale aux Gonaïves, le professeur Alix Joseph.
Jerry Bien-Aîmé figurerait parmi les nombreux évadés, encore en cavale, de la prison civile de la Croix des Bouquets, le dimanche 10 août 2014. [em kft rc apr 29/08/2014 16:55]