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Haïti-Justice/Prisons : Plainte contre Martelly, Lamothe et Sanon concernant l’évasion du 10 août

P-au-P, 20 août 2014 [AlterPresse] --- Les avocats André Michel et Newton Louis St Juste ont déposé, le lundi 18 août 2014, une nouvelle plainte contre le président Joseph Michel Martelly, son premier ministre Laurent Lamothe et le ministre de la justice Jean Renel Sanon, pour leur implication, disent-ils, dans « des actes criminels », dont « la libération » de centaines de criminels.

La plainte a rapport avec l’évasion spectaculaire, le dimanche 10 août 2014, de 329 détenus, dont Clifford Brandt, de la prison de la Croix-des-Bouquets (municipalité au nord-est de la capitale).

Avançant des présomptions et des faits susceptibles de révéler cette implication, les deux hommes de loi requièrent du parquet près le tribunal de première instance de Port-au-Prince, l’ouverture d’une information pour déterminer le degré de participation de ces plus hautes autorités de l’Etat dans cette évasion suspecte.

Les fonctions de ces différentes personnalités du gouvernement sont utilisées à des fins infractionnelles, affirment les avocats André Michel et Newton Louis St Juste, dans cette plainte au commissaire du gouvernement, Me Kherson Darius Charles.

« Des liens privilégiés entre Clifford Brandt et la famille présidentielle, le retard mis par les unités spécialisées de la police haïtienne pour intervenir à la prison civile, la banalisation de l’événement, le mépris pour la vie des citoyens exposés à la fureur de plusieurs centaines de bandits, dont l’identité reste inconnue, et leurs mensonges sur le lieu et la capture de Brandt », sont autant de points avancés pour soutenir la plainte.

Plusieurs extraits d’articles de la presse haïtienne, de ces deux dernières années (2013 et 2014) sont cités dans la lettre de plainte.

L’un des extraits, tiré du journal Le Nouvelliste, fait allusion à la présence de l’un des fils du président Michel Martelly dans la liste de haut-gradés du clan de Clifford Brandt.

Qualifiant l’évasion de « troublante contradiction », vu les circonstances non encore élucidées dans lesquelles elle a eu lieu, les avocats soulignent qu’il s’agit « d’une libération de ces prisonniers en faveur de Clifford Brandt ».

Considérant l’évasion du dimanche 10 août 2014 comme un événement de la vie courante, Martelly ne s’est pas montré préoccupé par l’ampleur d’une telle évasion.

Au cours d’une conférence de presse, le ministre de la Justice, Me. Jean Renel Sanon, a avancé la thèse de mutinerie.

« Cette évasion suspecte de ces criminels est comme de l’eau, apportée au moulin des bandits (des assassins, des kidnappeurs et des criminels de toutes sortes sont dans la ville, dans l’indifférence des plus hautes autorités du pays) qui opéraient déjà en toute quiétude, au grand dam des citoyens à la veille de la réouverture des classes », écrivent Michel et St Juste.

Les dénonciateurs exposent l’implication - que pourrait avoir ce qu’ils qualifient de « libération massive », « d’acte criminel » - dans l’aggravation de la situation sécuritaire du pays, tout en insistant sur la responsabilité, selon eux, des hautes autorités de l’Etat dans des libérations antérieures, dont celle du chef de gang Galil, Woodly Ethéart.

Les avocats André Michel et Newton Louis St Juste ne cessent point de dénoncer les agissements et dérives de l’administration du président Martelly et du premier ministre Laurent Lamothe.

En 2012, ils ont déposé une sommation à la famille présidentielle, à laquelle la justice semble mettre une sourdine depuis le décès, le samedi 13 juillet 2013, du juge Jean Serge Joseph qui instruisait l’affaire mettant en cause la femme du président, Sophia Saint-Rémy, et leur fils Olivier. [mm kft rc apr 20/08/2014 12:40]