P-au-P, 20 août 2014 [AlterPresse] --- Des frais sont exigés aux migrantes et migrants haïtiens pour obtenir des documents, requis par les autorités dominicaines, dans le cadre de la mise en œuvre du plan national de régularisation des étrangères et étrangers en situation migratoire irrégulière (Pnre), critique la plateforme Groupe d’appui aux rapatriés et refugiés (Garr), dans une note transmise à l’agence en ligne AlterPresse.
Pour obtenir l’ensemble des documents requis par le Pnre, les migrantes et migrants haïtiens sont contraints de payer 10 mille à 15 mille pesos (1.00 peso dominicain = 1.10 gourde aujourd’hui ; US $ 1.00 = 46.00 gourdes ; 1 euro = 65.00 gourdes aujourd’hui).
Les migrantes et migrants haïtiens ont un délai, allant jusqu’au 28 février 2015, pour s’inscrire dans le programme.
Les personnes enregistrées ont, jusqu’au 31 mai 2015, pour compléter leurs dossiers.
Un carnet de banque, un certificat notarié de domicile sont parmi les documents exigés aux migrantes et migrants haïtiens.
Des factures sont également demandées aux migrantes et migrants, en guise de preuve d’achats importants, effectués dans un magasin ayant un numéro d’identification fiscale (Rnc) et payant des taxes à l’État dominicain.
Pourtant, la grande majorité des migrantes et migrants haïtiens achète dans points de ventes informels, qui ne détiennent pas de Rnc.
Les autorités dominicaines exigent, par ailleurs, une lettre d’une église évangélique, qui paye aussi des taxes, alors que la grande majorité des églises est constituée de pasteurs qui ne sont pas en règle avec l’État dominicain, selon des organisations de la société civile dominicaine.
Une attestation de résidence de la migrantes ou du migrant doit être délivrée par un comité de quartier de sa zone.
« Cette attestation doit aussi être signée par sept témoins, qui réclament souvent de l’argent ».
Tous les documents à soumettre doivent être notariés, rapporte la plateforme Garr qui a recueilli des témoignages de migrantes et migrants.
La plateforme Garr se dit perplexe face à toutes ces exigences et difficultés, auxquelles les migrantes et migrants haïtiens sont confrontés pour se faire inscrire au Pnre.
Le Pnre ne serait-il pas plutôt un plan pour identifier les étrangères et étrangers, afin de mieux les rapatrier, par la suite, vers Haïti ?, s’interroge la plateforme Garr.
Au 30 juillet 2014, 97,585 personnes ont été reçues dans des centres dominicains en vue de se renseigner, selon les chiffres officiels disponibles.
33,744 personnes ont déjà ouvert un dossier, alors que seulement 633 personnes ont pu s’enregistrer à l’aide d’un document.
260 personnes ont rendu un dossier complet et seulement 17 personnes pourraient recevoir une réponse positive.
Le plan national de régularisation des étrangères et étrangers en situation migratoire irrégulière devrait permettre à des milliers d’Haïtiennes et d’Haïtiens de recevoir des documents légaux, dont des pièces d’identité.
Un arrêt de la cour constitutionnelle dominicaine, en date du 23 septembre 2013, avait déchu de leur nationalité plus de 250 mille Dominicaines et Dominicains, pour la plupart d’ascendance haïtienne. [emb kft rc apr 20/08/2014 1:00]