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Haïti–Agriculture : La sécheresse risque de compromettre la campagne d’août à décembre, selon la Cnsa

Perspectives de hausse des prix des céréales après septembre

P-au-P, 19 août 2014 [AlterPresse] --- Avec la situation de sécheresse, que connaît la république d’Haïti depuis plusieurs mois, deux saisons agricoles se trouvent en danger, alerte l’ingénieur-agronome Garry Mathieu, directeur de la coordination nationale de la sécurité alimentaire (Cnsa), dans une interview à AlterPresse.

Il s’agit de la saison été-automne, caractérisée par la culture des pois et maïs dans les mornes, et celle d’hiver, durant laquelle les plaines irriguées sont cultivées en haricots, pois kongo et pois France (entre autres).

« Le prix des céréales va augmenter après septembre (2014) », prédit la Cnsa.

Ce qui signifie que les « ménages pauvres [en] auront un accès plus limité ».

Toutefois, l’augmentation ne sera pas exagérée, rassure le directeur de la Cnsa.

Déjà, la côte Sud réputée, pour sa production de maïs, enregistre une perte de 40%, indique la Cnsa.

« Comprenez que cette zone a perdu son principal moyen de subsistance », regrette Mathieu.

« Il est probable que la sécheresse se poursuive jusqu’en octobre (2014) à cause de la manifestation du phénomène climatique El Niño », relève la Cnsa, dans son bulletin « Haïti Perspectives sur la sécurité alimentaire de juillet à décembre 2014 ».

D’où le risque d’avoir une deuxième campagne agricole peu performante, d’août à décembre 2014, et de voir l’état de la sécurité alimentaire se détériorer, particulièrement dans le Sud et le Plateau central, selon le document de la Cnsa.

Le phénomène El Niño est lié aux changements climatiques. Il occasionne une augmentation de température au niveau de l’océan.

Ce qui amène un vent chaud et sec. Et la première victime est bel et bien l’agriculture.

Garry Mathieu se veut, tout de même, rassurant.

Le phénomène de la sécheresse ne touche pas uniquement Haïti, mais c’est « une tendance au niveau de l’île, voire de la région », avance-t-il.

La côte Sud d’Haïti (Roches-à-Bateau, les Anglais, Tiburon, etc.), le Plateau central (Hinche, Maïssade), le Nord (Pignon, Ranquitte, La Victoire), le Haut –Artibonite (Anse Rouge, Terre Neuve), les communes frontalières du Nord-Est sont les zones les plus affectées par la sécheresse, souligne Mathieu.

Consciente des difficultés d’agir sur le problème climatique dans le « très court terme », la Cnsa propose au gouvernement d’élargir sa « politique de stabilisation des prix et des produits alimentaires » aux autres produits que le riz.

« La tendance montre que le niveau de pauvreté en milieu urbain tend à se rapprocher du milieu rural »

Au-delà d’une extension, à très court terme (durant les périodes ratées dans la production agricole) du programme d’assistance sociale Ede Pèp dans les zones frappées et dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, il faudrait prévoir une création d’emplois dans les zones affectées, suggère la Cnsa.

Le programme d’assistance évoqué est, cependant, plutôt vu comme « une assistance de spectacle à effet pervers ».

Quoi qu’il en soit, à long terme, Haïti ne doit pas oublier « l’adaptation au changement climatique », insiste la Cnsa. [efd kft rc apr 19/08/2014 11:35]