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La Montagne (Jacmel) entrevoit la reconstruction, plus de 4 ans après le séisme en Haïti

La Montagne (Jacmel), 23 août 2014 [AlterPresse] --- Plus de 4 ans après le tremblement de terre, qui a détruit une bonne partie de Port-au-Prince, Léogâne, Petit-Goâve (Ouest) et Jacmel (Sud-Est), des familles sinistrées, bénéficiaires du projet « Un Toit, un Avenir », entrevoient la lueur de la reconstruction, observe l’agence en ligne AlterPresse.

Le projet « Un Toit, un Avenir », piloté par l’organisation non gouvernementale française, Planète Urgence, à La Montagne, 11e section communale de Jacmel (Sud-Est), a permis la construction et la réparation de 310 maisons rurales au bénéfice de 1,500 personnes.

Deux centres d’activités, pouvant desservir plus de 5.000 personnes, 4 centres d’éducation numériques pour 750 élèves et un programme d’agroforesterie de 20,000 arbres ont pu être mis en place.

« Un Toit, un Avenir » : les détails

Sollicitée par des entreprises partenaires françaises, Planète Urgence intervient en Haïti, depuis mars 2010, pour venir en aide à la population touchée par le séisme qui a emporté environ 300,000 âmes.

Le premier financement obtenu a permis d’engager le projet « un Toit, un Avenir », qui vise à appuyer les groupements paysans de La Montagne dans la reconstruction et la relance économique.

L’implication et la contribution des bénéficiaires auraient permis de diminuer considérablement les coûts du projet, estimé à plus de 2 millions de dollars américains (US $ 1.00 = 46.00 gourdes ; 1 euro = 65.00 gourdes aujourd’hui), d’après le délégué national de Planète Urgence, Philippe Petit.

« Les bénéficiaires ont beaucoup participé dans la construction des maisons, en ce sens qu’ils ont contribué pour la disponibilité de pierres, sables, blocs et eau », souligne Petit, ajoutant qu’une petite maison - évaluée à 4 mille dollars - peut durer jusqu’à 50 ans.

Les soutiens, obtenus de plusieurs fondations, organisations et donateurs particuliers, ont servi à amplifier une action à long terme, définie, par Planète Urgence, en 4 axes : l’accès à un habitat durable et décent, l’appui au développement économique et social local, le soutien pour l’éducation primaire et le reboisement.

Vers l’habitat durable ?

« Nous avons construit des maisons normales, agréables et solides, en maçonnerie chaînée : blocs, roches, ciment. Ce sont des maisons anticycloniques et parasismiques. Ces maisons totalisent 36 m2. C’est une surface confortable et appréciable dans un milieu rural », se réjouit Petit.

Le système de maçonnerie chaînée est un système régulier et traditionnel. Il a été expérimenté par des ingénieurs, en réponse aux cyclones.

Par ailleurs, 60 des 310 maisons ont été construites suivant le système gabionnage, une méthode de construction traditionnelle.

Ce système gabionnage a été expérimenté, par la firme Architecture & Développement, au Maroc et au Pakistan, affirme le délégué de Planète Urgence.

Le système de gabions est réputé pour sa capacité à pouvoir résister au tremblement de terre.

Les projets de construction d’habitat durable ont été implémentés dans une perspective de faciliter le retour, à La Montagne, des familles rescapées du séisme et éparpillés à Port-au-Prince et à Jacmel dans des situations macabres.

« Les familles bénéficiant des projets sont celles vulnérables et vivant dans la promiscuité. Vingt pour cent des projets vont à l’endroit des familles rescapées du séisme, résidant à Port-au-Prince et à Jacmel », précise Christian Léger, coordonnateur de l’Organisation des paysans actifs pour le développement de La Montagne (Opadel).

En août 2014, plus de 21,000 personnes - dans 39 sur les 172 camps restants - sont menacées d’éviction forcée, selon le Bureau de la Coordination des affaires humanitaires (Ocha).

« Un Toit, un Avenir » : les perspectives

Grâce au projet, plus de 2,000 kits scolaires ont été distribués dans onze établissements scolaires.

Ceux-ci ont bénéficié également d’un programme d’enseignement par le numérique, indiquent les responsables de Planète Urgence.

De plus, deux projets de reforestation ont été implémentés, par Planète Urgence, en vue d’apporter une réponse aux problèmes de déboisement accéléré, auxquels sont confrontées les communautés.

Ces projets visent à mettre en valeur la production agricole et à instaurer un système de surveillance rigide des plantules mises en terre.

Pour l’instant, Opadel et l’Organisation des jeunes universitaires de Carrefour pour l’avancement d’Haïti (Ojucah) assurent la gestion et la surveillance des arbres, via un système de GPS.

Ojucah a planté plus de 50,000 arbres (principalement fruitiers et bois d’œuvre).

« Nous avons ensemencé 15 mille hectares en plantules d’ananas, d’eucalyptus, d’acacia, de mangoules, etc. Les plantules sont mises en terre dans des parcelles adaptées, lors même que certaines plantules meurent en période de sécheresse », informe l’ingénieur-agronome, Raphaël Moïse.

Une fois arrivées à maturité, les plantules génèreront, de façon durable, non seulement des revenus à la population, mais aussi une quantité de bois pour la construction.

« La terre décroît, la population croît. Haïti n’ira nulle part si la production agricole n’est pas stimulée, si ses habitantes et habitants ne sont pas conscientisés », lance Ramilus Bolivard, coordonnateur de la chambre agricole départementale du Sud-Est.

A ses yeux, le projet aura réussi, vu le niveau de conscientisation de La population (à La Montagne) qui développe un leadership pour la protection des arbres, même s’il est difficile de trouver de l’eau pour irriguer les arbres.

« L’élevage de caprins, de bovins et autres constitue un handicap à la croissance des arbres », confie le pépiniériste Nicolas Placide.

L’utilisation de bois de cuisson, de bois d’œuvre, la déforestation pour la production de charbon sont d’autres menaces pour l’épanouissement des plantules.

Par ailleurs, le manque de terres disponibles, dans les zones précitées, pour la production agricole provoque le défrichement des flancs de collines, ayant des sols peu profonds et peu fertiles, supprimant un rempart environnemental contre les inondations.

Pour améliorer la situation des habitantes et habitants, Opadel signale avoir mis en place un système de micro crédit (déjà fonctionnel), une banque de semences de maïs et d’haricots pour assister, respectivement, les familles menant des activités économiques, celles qui sont dans le chômage ainsi que les cultivatrices et cultivateurs. [lo kft rc apr 23/08/2014 0:40]