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Education : Situation économique précaire au Plateau central, à la veille de la rentrée des classes en Haïti

Hinche, 18 août 2014 [AlterPresse] --- A vingt-trois jours de la réouverture officielle des classes, prévue pour le lundi 8 septembre 2014, la situation économique de plus en plus précaire des ménages suscite de vives inquiétudes au Plateau central, selon divers témoignages recueillis par l’agence en ligne AlterPresse.

De Hinche (chef-lieu du département) à Mirebalais et dans toutes les zones frontalières, toutes et tous se plaignent de la cherté de la vie.

« L’année 2014 n’apporte que sécheresse et crise politique. Je ne sais pas à quels saints m’adresser pour payer les frais scolaires des enfants », exprime Carline Georges, originaire de Hinche, mère de 7 enfants, dont deux garçons admis en classes de 3e et de rétho.

C’est grâce à son petit commerce, de produits alimentaires et de vêtements usagés, que Carline Georges assure pouvoir s’occuper de sa famille.

Son mari, un ancien militaire des Forces armées d’Haïti, n’a aucun emploi.

Cette année 2014, tout s’annonce difficile pour sa famille.

Au début du mois de juillet 2014, Carline Georges a fait des emprunts auprès d’institutions de microfinances pour continuer à entreprendre ses activités commerciales.

Rien ne marche comme avant, dit-elle, alors que, maintenant, elle doit commencer à rembourser les créances acquises.

« Cette situation pourrait bien m’empêcher de ramener mes enfants à l’école », craint-elle.

Une grande majorité d’habitantes et d’habitants de la première section Juanaria de Hinche risque de ne pas pouvoir payer les frais scolaires pour la nouvelle année académique 2014 - 2015, avertit David Pierre, membre du conseil d’administration de la section Juanaria.

Le gouvernement devrait intervenir, de manière urgente et responsable, en vue de permettre aux paysannes et paysans d’avoir les moyens nécessaires pour répondre aux besoins scolaires.

« La date du 8 septembre 2014, fixée par le ministère de l’éducation nationale, est très hypothétique, dans la mesure oú les autorités ne tiennent pas compte de la fragilité de la situation », relève David Pierre.

Celles et ceux, qui habitent les zones frontalières du Plateau central, risquent d’éprouver d’énormes difficultés pour cette nouvelle rentrée des classes.

Les habitantes et habitants de la zone n’ont plus rien à offrir aux Dominicaines et Dominicains, à cause de la sécheresse, déclare à AlterPresse Jonas Jean, qui habite La Miel, 3e section communale de Cerca-La-Source.

« A l’exception du tamarin, nous n’avons rien a offrir sur les marchés binationaux. Pour l’heure, nous ne sommes que des consommatrices et consommateurs, des travailleuses et travailleurs à disposition des entreprises dominicaines ».

A Mirebalais, dans le bas Plateau central, les chauffeurs de taxis-motos font part des déboires de leurs ménages.

« Nous sommes le thermomètre des activités économiques. En 2012, il y avait beaucoup plus de petites commerçantes et commerçants qui tentaient de s’organiser... Aujourd’hui, en 2014, c’est le désespoir et l’inquiétude sur les possibilités d’envoyer les enfants à l’école en septembre », indique Mocelin Gilles, chauffeur de taxi.

Dans le viseur des critiques, se retrouve, particulièrement, en cette année 2014, le Programme de scolarisation universelle, gratuite et obligatoire (Psugo).

La manière de recruter les enseignantes et enseignants, pour la plupart non qualifiés, le choix des écoles (certaines sans espaces adéquats), le manque d’encadrement de la part du ministère de l’éducation et les conditions de travail des élèves, sont parmi les griefs soulevés.

Faute d’avoir acquitté leurs redevances du dernier mois de l’année académique écoulée (2013 - 2014), beaucoup de parents d’élèves - admis en 3e, seconde et rétho - n’ont pas encore récupéré, depuis juin 2014, leurs bulletins scolaires, signalent à la presse diverses directions d’écoles.

Les inscriptions, pour la nouvelle année académique 2014 - 2015, sont lancées depuis plusieurs mois, par différents établissements scolaires au Plateau central. Mais, les parents tardent encore à aller remplir les obligations scolaires académiques. [ro kft rc apr 18/08/2014 11:35]