P-au-P, 20 août 2014 [AlterPresse] --- Le centre urbain de la commune de Gros-Morne (département de l’Artibonite), réputée pour sa mangue francisque, mais où il y a « une absence quasi totale de gestion des déchets », est au centre de réflexions et d’actions en vue d’apporter des solutions à ce problème environnemental, surtout de « santé publique ».
Une étude de « quantification et de caractérisation des déchets, propositions de scénarios », menée dans deux quartiers « de conditions socio-économiques différentes », a été présentée en réunion publique à la fin de juillet 2014.
L’Université privée Quisqueya (Uniq) et le Centre francophone de recherche partenariale sur l’assainissement, les déchets et l’environnement pour les pays en développement (Cefrepade), ainsi que 2 des 10 membres fondateurs de la plateforme Re-Sources ont mené cette recherche-action, à laquelle a « totalement adhéré » le conseil municipal intérimaire de cette ville.
Les résultats de l’étude
« Très faible niveau d’organisation de la gestion des déchets à Gros-Morne, mise en évidence des nuisances réelles générées par les déchets : prolifération d’insectes et de rongeurs, mauvaises odeurs, encombrement des caniveaux, d’où risques d’inondations, ingestion de plastiques par les animaux » sont quelques constats, issus de cette étude.
Cette ville de 22 mille habitantes et habitants, où pullulent des « dépôts sauvages » - puisque ne possédant pas de site de « décharge officielle » -, dispose, désormais, de données sur sa production de déchets et leur composition.
« La production de déchets a été évaluée entre 0.3 et 0.4 kg par habitante/habitant et par jour, sur les deux quartiers étudiés. Ce qui, extrapolé à 22,000 habitantes et habitants, donnerait 7 à 9 tonnes de déchets par jour », estime Gaston Jean, originaire de Gros-Morne, membre du Cefrepade/Université Quisqueya.
90% de matières biodégradables (déchets de cuisine surtout, un peu de papiers et cartons) et 5% de matériaux potentiellement recyclables (bouteilles en plastique, métaux) forment la teneur des déchets, selon les résultats de l’étude.
En compatibilité avec la mission de valorisation des déchets de Re-Sources, en Afrique et en Haïti, l’étude a mis en évidence un potentiel journalier de production de « 2 tonnes de compost (après plusieurs semaines de fermentation et de maturation) et 500 kg de matériaux recyclables (350 kg de bouteilles en plastique, 150 kg de boîtes de conserves et canettes) ».
« La mairie a passé, avec succès, l’examen de sa volonté politique permettant d’intégrer Gros-Morne dans la démarche de la plateforme Re-Sources. L’état initial des principaux dépôts sauvages a été établi, de façon à pouvoir évaluer l’évolution, dans les mois et les années à venir », souligne Jean.
Quoique les données de quantification et de caractérisation soient encore « partielles », elles auraient la vertu de permettre de faire de premières projections d’organisation.
Les scénarii possibles de « pré-collecte, collecte, transport, tri, valorisation, mise en décharge », proposés par l’étude, vont « être développés avec l’aide de l’Uniq et du Cefrepade, indiquant les moyens techniques, humains et financiers associés », continue Jean.
Il revient au conseil municipal intérimaire de Gros Morne de faire le choix final de « solutions à moindre coût, mais assurant un service jugé satisfaisant ».
Le conseil municipal intérimaire de Gros-Morne semblerait s’activer en vue de trouver des solutions durables à la situation sanitaire dramatique, due à l’omniprésence de déchets à proximité des habitations et des cours d’eau.
Le système de gestion des déchets à Gros Morne
Deux fois par semaine, un camion ramasse, dans les rues principales, les déchets et autres immondices déposés devant les maisons, selon les témoignages recueillis.
Les habitantes et habitants sont prévenus par mégaphone, la veille ou le jour même de la collecte des résidus ménagers.
Malgré tout, il y a plus d’une quinzaine de dépôts sauvages (de détritus) dans la ville de Gros Morne.
Des collecteurs ambulants ramassent, à l’aide de brouettes, les déchets de particuliers. Ils sont payés en moyenne 50.00 gourdes par semaine (US $ 1.00 = 46.00 gourdes ; 1 euro = 65.00 gourdes aujourd’hui).
Très peu de récupérateurs informels de matériaux valorisables sont identifiés, compte tenu de la distance entre Gros-Morne et Port-au-Prince, où ils pourraient les revendre.
« Une personne rencontrée essaie de faire du compost, une autre des marmites en aluminium, des femmes font de l’artisanat à partir de films en plastique. Sans doute, quelques autres petites initiatives, mais sans effet sensible sur les quantités de déchets », signale le chercheur Gaston Jean. [efd kft rc apr 20/08/2014 12:45]