P-au-P, 19 août 2014 [AlterPresse] --- Le Ministère haïtien de la santé publique et de la population (Mspp) a lancé officiellement, début août 2014 à Pétionville, une stratégie de Financement basé sur les résultats (Fbr), visant à financer des soins de santé à l’échelle nationale.
Cette approche serait adoptée dans l’objectif d’améliorer et de renforcer la qualité du service public dans le domaine de la santé, tout en considérant la rationalisation des ressources disponibles, l’amélioration des relations avec les prestataires de soins, la responsabilisation des actrices et acteurs, et la culture de résultats.
Le Fbr, qui repose sur la performance, entre dans le cadre de la mise en exécution d’une politique sanitaire qui considère les principes d’équité, de globalité, universalité et qualité.
L’obtention de financements serait directement liée à l’atteinte de résultats, selon ce nouveau mécanisme adopté par le Mspp.
Dans le cadre d’une telle démarche, les organismes bénéficiaires seront les institutions de santé, tandis que les résultats seront analysés en fonction de la qualité et de la quantité de services au bénéfice de la population.
D’ici 2015, plus de ¾ des pays à faible revenu n’atteindront pas les objectifs du millénaire pour le développement (Omd), anticipe l’organisation mondiale de la santé (Oms).
En Haïti, en ce qui a trait à la qualité du système de santé, le chemin (vers les Omd) est encore très long et les résultats sont moindres, selon les données de plusieurs enquêtes.
Des constats, qui expliquent l’adoption de cette nouvelle stratégie de financement.
Dresser un état des lieux du système de santé en Haïti revient à faire état d’un tableau sombre : mauvaise répartition des ressources, disparités entre milieu rural et urbain, perte de viabilité financière des institutions de santé, faiblesse du système d’information sanitaire, manque de coordination des actrices et acteurs, manque de motivation du personnel.
Une situation, affectant le niveau de services (en santé), dont la qualité des soins.
Pendant que plus de 17 milliards de gourdes (US $ 1.00 = 46.00 gourdes ; 1 euro = 65.00 gourdes aujourd’hui) ont été dépensées dans le système, les résultats ne sont pas au rendez-vous, affirme le directeur général du Mspp, Georges Dubuche, présentant les différents aspects de la stratégie de financement adoptée.
« Il y a donc une grande disparité entre le financement actuel du système et les résultats que nous obtenons sur le terrain. Près de 30% à 40% de la population haïtienne ne bénéficie pas de soins de santé adéquats », admet Dubuche.
C’est le début d’un long trajet de « transformation sociale, de la qualité de gestion des ressources publiques et de la responsabilisation des uns et des autres », considère, pour sa part, Déo Ndikumana, coordonnateur des opérations de la Banque mondiale (Bm) en Haiti.
Ndikumana espère, avec l’adoption de la nouvelle stratégie de financement, voir transformer le visage économique et social du pays.
« En matière de développement, nous devons constamment oser, nous poser des questions, pour avoir une meilleure compréhension de tous les goulots d’étranglement, qui nous empêchent d’aller de l’avant », suggère Ndikumana.
Pourquoi certains programmes de développement du gouvernement, appuyés par ses partenaires techniques et financiers, n’arrivent pas à avoir les résultats escomptés ?
Pourquoi, malgré les efforts consentis, malgré les ressources des uns et des autres, Haïti n’arrive pas à améliorer l’accès à un service public de qualité ?
Qu’est-ce qui explique que certains programmes réussissent, alors que d’autres échouent ?
De tels questionnements devraient permettre de trouver des solutions, en vue de l’amélioration des performances, des résultats des services donnés à la population.
« En mettant l’accent sur les résultats plutôt que les intrants, l’approche encourage tous les bailleurs de fonds dans la chaîne de production du service de santé à mettre en œuvre, ainsi que les réformes nécessaires pour les rendre plus efficaces », souligne le coordonnateur des opérations de la Banque mondiale en Haïti.
L’adoption de cette stratégie de financement représente la matérialisation de cette volonté affirmée du Mspp, depuis 2011, interprète Christian Barrett, représentant de l’agence étasunienne pour le développement international (Usaid).
Le Fbr donne plus « d’autonomie, mais s’occupe de responsabilisation des institutions sanitaires dans la lignée de l’amélioration de la prestation de services », ajoute Barrett, qualifiant la journée de présentation du nouveau mécanisme adopté de « consécration et de continuation des idées ».
Pour ce représentant de l’Usaid, le Fbr témoigne de la responsabilisation et de la reconnaissance du travail quotidien des médecins et infirmières des services de santé dans le pays.
Une phase pilote est déjà implémentée dans le Nord-Est.
Avec des possibilités d’ajustement, l’approche de financement basé sur les résultats devrait progressivement être étendue à tous les autres départements sanitaires du pays.
Plusieurs dizaines de personnes, dont des cadres de santé publique, des représentants des bailleurs de fonds (Organisation des Nations unies, la Banque mondiale...), du Mspp et de l’administration publique haïtienne ont assisté à la cérémonie.
Dans le but d’une meilleure implémentation de la phase pilote, a été conçu un Manuel opérationnel du Financement basé sur les résultats en Haïti, document officiel daté de 2013.
Ce manuel définit les responsabilités des parties prenantes dans la mise en œuvre de cette stratégie. [mm kft rc apr 19/08/2014 9:20]