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Haïti-Sécurité : Les "Madan sara’’ rançonnées, battues, violées à Croix-des-Bossales, dans l’indifférence

Correspondance Ethzard Cassagnol

Fonds-Verrettes, 15 août 2014 [AlterPresse] --- Constamment rançonnées par des individus armés au marché de la Croix-des-Bossales (à Port-au-Prince), les commerçantes Madan sara = grossistes de Fonds-Verrettes (Ouest) appellent les autorités à assurer leur sécurité, dans divers témoignages à l’agence en ligne AlterPresse.

Le vendredi 1er août 2014, des individus non identifiés, armés de pistolets, de couteaux et bâtons, sont venus molester et rançonner les Madan Saraà Croix des Bossales, au marché des produits de Fonds-Verrettes, couramment appelés marché Forêt.

« Je n’avais pas encore vendu les produits amenés. Donc, je n’avais pas d’argent. Ils m’ont donné des coups de bâton et plusieurs coups de poing. Il était tôt, environ 3:00 am (7:00 gmt). J’arrive, en général au marché, vers minuit », rapporte Christiana Jean, une Madan sara résidant à Forêt des pins, localité de Fonds-Verrettes.

Réveillées par les cris de la victime, sous les coups de bâtons de ces individus, certaines Madan sara ont, malheureusement, donné tout l’argent qu’elles avaient en leur possession.

« Ils ont pris mon téléphone en premier. Puis, ils ont pris ma valise. Puisqu’ils n’ont rien trouvé dans ma valise, ils m’ont assénée plusieurs coups de poings. J’ai dû emprunter 1,500.00 gourdes [Ndlr : US $ 1.00 = 46.00 gourdes ; 1 euro = 65.00 gourdes aujourd’hui] d’un travailleur dans un dépôt, pour leur donner », témoigne Jesula Orilus, habitante d’Oriani, autre localité de Fonds-Verrettes.

Les rançonneurs sont présents de manière ponctuelle au marché.

Certains réclament de l’argent avant le dépôt des marchandises, d’autres après la vente, expliquent plusieurs Madan sara.

Les chauffeurs de transports publics, otamment des camions qui ramènent les produits de Fonds-Verrettes, sont aussi victimes des malfrats.

Ils doivent « payer » ces bandits avant de débarquer les marchandises. Aussi, réclament-ils plus d’argent aux Madan sara pour le transport des produits.

Les bandits réclament 100.00 gourdes aux chauffeurs comme droit de stationnement et de débarquement des marchandises.

Ils forcent les Madan sara à leur payer 25.00 gourdes par sac de marchandises, avant leur entreposage en dépôt.

Incidences des agressions armées sur la chaîne de production à Fonds-Verrettes

L’absence de sécurité publique, au marché de la Croix-des-Bossales, a des répercussions sur toute la chaîne de production agricole à Fonds-Verrettes.

« Nous subirons beaucoup de pertes si les Madan sara n’achètent pas nos produits, pour aller les vendre au marché de la Croix-des-Bossales », craignent plusieurs producteurs, interrogés par AlterPresse.

De leur côté, plusieurs Madan sara sont victimes de violences sexuelles, aux yeux de tout le monde.

Mais, personne ne leur vient en aide.

Aucune présence ni patrouille policière ne sont observées au marché de la Croix des Bossales, où les commerçantes sont livrées à la merci des bandits de grand chemin.

Le vendredi 4 juillet 2014, vers 2:00 am (6:00 gmt), une cohorte d’individus armés ont rançonné, battu et violé plusieurs femmes vendeuses au marché des produits de Fonds-Verrettes, à Croix des Bossales.

En 2013, pour protéger leur vie et échapper aux violences sexuelles, dont elles sont l’objet, plusieurs Madan sara sont allées s’installer au marché de la Croix-des-Bouquets (municipalité au nord-est de la capitale).

Mais, les énormes difficultés, encourues pour transporter les produits, les ont poussées à revenir au marché de la Croix-des-Bossales, où la situation semble empirer.

Un travailleur de camion de transport de produits agricoles, connu sous le nom de Kribich, a été récemment tué d’une balle à la poitrine, parce qu’il n’avait pas d’argent pour payer les bandits qui le rançonnaient, témoignent les Madan sara interrogées par AlterPresse. [ec kft rc apr 15/08/2014 0 :00]