Español English French Kwéyol

Les services d’identification de l’Etat haïtien, aussi médiocres en République Dominicaine qu’en Haïti

Note de NAPSA

Document soumis à AlterPresse

Le processus de régularisation des étrangers en situation irrégulière en République Dominicaine a commencé depuis environ un mois. Vu que la majorité des Haïtiens en situation irrégulière ne dispose pas des pièces requises (passeport, acte de naissance, etc.) pour entamer ce processus, l’Etat dominicain avait demandé aux autorités haïtiennes de faciliter à leurs ressortissants l’acquisition de ces pièces le plus vite possible. Entre-temps, des organisations de la société civile avaient critiqué le coût considérablement élevé de ces documents préalablement fixé à 4,000 pesos, compte tenu de l’extrême pauvreté des gens qui en ont besoin. Pour répondre à ces revendications, l’Etat haïtien a inauguré un centre de documentation le mercredi 16 juillet dernier à Santo Domingo, et fixé à mille pesos le montant à payer.

Sitôt informée que le processus d’enregistrement des sans-papier allait être initié le lundi 21 juillet, l’unité NAPSA de Santo Domingo avait délégué son secrétaire, Gaetjens Thelusma, et son responsable d’éducation, Lully M. Charles, respectivement étudiants en Génie industriel et en Administration, pour observer le déroulement du processus et, du même coup, motiver les compatriotes à obtenir leurs pièces d’identité haïtiennes et à se régulariser en République Dominicaine.

De l’avis d’un grand nombre de ceux et celles présents sur les lieux et du constat des deux napsistes (membres de NAPSA), la première journée de la mise en application du « plan de documentation », a été un grand échec. Ils étaient plus de trois mille au total, dont certains ont affirmé avoir été sur les lieux depuis 3 heures du matin. Vers 9 h AM, une foule immense occupant toute une rue, a obstrué la circulation de plusieurs artères de la capitale dominicaine, en l’absence des autorités concernées qui pourtant avaient donné rendez-vous à 8 h AM. Pour mettre un peu d’ordre au chaos, la police dominicaine a dû intervenir. Quand, enfin, un tout petit groupe de la foule a pu accéder non sans difficulté au bureau, logé dans un local d’une superficie inférieure à 80 mètres carrés, les responsables leur ont déclaré que les structures en place ne peuvent accueillir cette multitude en attente, et ont demandé l’évacuation des lieux vers les 11 heures du matin. Pour l’instant, il n’y a que des personnes à condition spéciale telles des vieillards, des femmes enceintes et des handicapés à pouvoir accéder à ce service. Des gens, venus de toute part, sont retournés chez eux sans pouvoir s’inscrire ni obtenir une explication responsable de ce fiasco.

Par ailleurs, le président Michel Martelly allait confirmer, le lendemain du fiasco, le grand désordre qui règne dans l’administration publique haïtienne. En effet, le premier citoyen du pays (qui devait, par son comportement, projeter une image susceptible de contrebalancer les effets pervers de l’idée largement répandue à l’extérieur– bien que vraie en partie – qu’Haïti est une entité chaotique où le concept d’institution est pratiquement vide de sens) est arrivé à 11 heures passées à la rencontre fixée à 10 h AM à Punta Cana en République Dominicaine, entre lui, le président de l’Union Européenne, Van Rompuy, et le président Danilo Medina. Le journaliste vedette, Álvaro Arvelo, de l’émission la plus écoutée de l’autre côté de la frontière, Gouvernement du matin (Gobierno de la mañana) considère le retard de plus d’une heure de Martelly comme un geste « d’incivilité et d’indécence ».

Ce qui s’est passé à ce bureau de documentation à Santo Domingo montre une fois de plus qu’en Haïti comme ailleurs, l’Etat haïtien est incompétent à fournir des services de base que seul lui-même peut offrir. Au pire, cela confirme aussi l’irrespect que les autorités haïtiennes ressentent à l’égard des citoyens. Le constat est d’autant plus honteux que l’on sait que le processus de régularisation du côté dominicain, en dépit de ses faiblesses, se poursuit au ministère de l’administration publique, dans un espace adéquat et de façon organisée. Le retard de Martelly ne fait qu’assombrir davantage l’image d’Haïti aux yeux de la communauté internationale, spécialement de la République dominicaine.

Nous encourageons l’initiative de l’Etat haïtien de procurer ces documents indispensables à ses citoyens vivant irrégulièrement en République Dominicaine. Mais, nous exigeons que cela se fasse dans un cadre adéquat et avec la structure organisationnelle qu’il faut ! Il est grand temps que le peuple haïtien soit traité avec un minimum de dignité par l’Etat, et encore plus, en République Dominicaine.

Note rédigée par :

Lully M. Charles
Responsable Education NAPSA-Santo Domingo
Etudiant en Administration

Gaetjens Thélusma
Secrétaire NAPSA-Santo Domingo
Etudiant en Génie industriel