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Haïti : Le désarmement attend

P-au-P., 14 sept. 04 [AlterPresse] --- Ce 15 septembre n’est plus considéré par la police comme une date butoir pour lancer une opération de désarmement à travers le pays.

La commissaire Gessi Cameau Coicou, porte-parole de la police, a déclaré à la presse qu’ « Il n’y a pas de date pour commencer ou mettre un terme au désarmement ». Elle a, de préférence, présenté le désarmement comme « un processus ».

Coicou a expliqué que les détenteurs d’armes illégales ont simplement été invités à rendre ces dernières « volontairement » à la police ou à les faire enregistrer légalement dans un délai ne dépassant pas le 15 septembre.

Le 8 juillet dernier, le Conseil Supérieur de la Police avait annoncé que les anciens militaires et les ex « rebelles » qui ont combattu le régime déchu de Jean Bertrand Aristide avaient jusqu’au 15 juillet pour déposer leurs armes.

Entre-temps, d’anciens militaires ont amplifié leur mouvement d’occupation de commissariats de plusieurs régions d’Haïti. Malgré un accord le 12 septembre, entre une commission présidentielle et une commission représentant les anciens militaires, dans le but de résoudre ce problème par le dialogue, les ex soldats continuent de maintenir les positions occupées.

Un autre porte-parole de la police, Bruce Myrtil, a déclaré à la presse que les négociations entreprises par le gouvernement avec les ex militaires ont « stoppé » la police. Toutefois, a-t-il ajouté, « la police est mobilisée » afin de récupérer les commissariats occupés par les anciens soldats.

En ce qui concerne les bandes armées, la police a entamé depuis la semaine dernière une série d’opérations dans des quartiers populaires de Port-au-Prince, dont Cité Soleil (au nord de la capitale), fief de l’ex Président Aristide.

Selon des informations fournies par l’institution policière, une centaine de personnes a été arrêtée le 9 septembre à Cité Soleil, durant une intervention coup de poing contre des gangs armés. Une vingtaine des personnes appréhendées est maintenue en prison et le reste a été libéré, selon la police, qui a aussi annoncé la confiscation de plusieurs armes à feu.

Peu avant cette opération, des conflits entre groupes armés de Cité Soleil avaient fait une dizaine de morts.

Dans d’autres quartiers de la capitale, la police a procédé à une cinquantaine d’arrestations de personnes soupçonnées d’appartenir à des réseaux de criminels.

La situation de violence s’est intensifiée ces derniers jours en Haïti, alors que les activités scolaires ont officiellement repris le 13 septembre. Ce même jour, un animateur de programme radiophonique religieux, le pasteur Jean Molès Lovinsky Berthomieux, de la station privée Radio Caraibes, a été tué.

Suite à ce meurtre, le Secrétaire Général de la Fédération Protestante d’Haïti, Edouard Paultre, a critiqué la gestion faite par le gouvernement du dossier de la sécurité, déplorant que l’ordre public soit à la dérive.

Dans la nuit du 12 au 13 septembre, des inconnus armés ont saboté le centre technique de la compagnie téléphonique étatique Teleco, situé dans un quartier populaire du nord de la capital, laissant des dégâts évalués à plusieurs centaines de milliers de dollars, selon des dirigeants de la compagnie.

Le Conseil de Sécurité des Nations Unies a appelé le 10 septembre au démantèlement urgent des groupes armés. Il a demandé au gouvernement de conduire un programme de Désarmement, Démobilisation et Réintégration (DDR) avec l’aide de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation d’Haïti. [gp apr 14/09/2004 18:00]