Correspondance Ronel Odatte
Hinche, 30 juil. 2014 [AlterPresse] --- Le souvenir de la première occupation américaine, de juillet 1915 à août 1934, resté vivant dans la mémoire de plus d’uns, au Plateau Central, selon les témoignages recueillis par l’agence en ligne AlterPresse.
La date du 28 juillet 2014, qui a marqué le 99e anniversaire du premier débarquement des marines sur le sol haïtien, ne laisse pas indifférent les proches de l’ancien leader des Cacos, Charlemagne Péralte (1886-1919) ainsi que bien d’autres militantes et militants, issus d’organisations sociales dans le département.
Inive Joseph, l’arrière-petite-fille de Servilia Edouard, épouse de Charlemagne Péralte, habitante de la localité de Cabaillie (section de Marmont, commune de Hinche) ne peut pas tout expliquer.
Agée de 56 ans, elle confie avoir lu et entendu toute l’histoire de son arrière grand-père, Charlemagne Péralte.
« Cette date du 28 juillet nous rappelle effectivement le début d’une période, difficile pour notre leader, qui allait durer jusqu’à sa mort le 31 octobre 1919 », dit-elle.
Pour sa part, Duval Péralte, ex-huissier audiencier près le tribunal de première instance de Hinche et auteur du livre « François B. Charlemagne Péralte, le chef des Cacos, une histoire vivante », la journée du 28 juillet rappelle la misère, la privation et l’humiliation, qu’ont connues les vaillants militants cacos, dont le chef dans le Plateau Central, Charlemagne Péralte.
Duval Péralte est aussi l’arrière-petit-fils de Nécasse Péralte, l’oncle de Charlemagne Péralte.
« Malgré les efforts, consentis par ce dernier, pour débarrasser le pays des occupants américains, Haïti reste toujours, malheureusement, sous la férule des forces étrangères », souligne Duval Péralte.
La situation actuelle d’Haïti devrait interpeller la conscience de chacune et de chacun. Toutes les filles et tous les fils de Charlemagne Péralte « sont tristes de voir leur chère Haïti sous les bottes des soldats internationaux ».
La mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) est dans le pays depuis 2004.
Duval Péralte pointe du doigt l’administration politique actuelle qui a choisi d’organiser des festivités carnavalesques (27-28-29 juillet 2014), alors qu’elle aurait pu choisir une autre date et se concentrer, de préférence, sur des activités liées à la réflexion sur l’anniversaire du débarquement des soldats américains sur le sol national.
De son côté, le porte-parole adjoint du Mouvement paysan de papaye (Mpp), Philfrant Saint-Naré, fustige la communauté internationale qui, selon lui, dispose depuis toujours, d’un « laboratoire, dans lequel sont produites des réflexions et idées néfastes, visant à déstabiliser ou coloniser les pays du tiers-monde ».
« Alors que, en 1915, Haïti était occupée, aujourd’hui nous sommes encore sous l’occupation ».
Saint-Naré accuse les puissantes occidentales d’avoir œuvré pour refaire d’Haïti une colonie.
« Les crises politiques, qui se succèdent dans le pays, ne sont pas le fruit du hasard. C’est bien conçu dans les laboratoires. Les filles et les fils de Charlemagne Péralte doivent se réveiller », appelle le militant du Mpp.
A Fort Marmont (lieu où Charlemagne avait l’habitude de se cacher), des jeunes, interrogés par l’agence AlterPresse, affirment vouloir proposer aux autorités municipales de Hinche de faire de ce fort un lieu touristique.
Le lundi 28 juillet 2014, il n’y a pas eu de grands événementss à Hinche, pour rappeler ce qui s’est passé il y a 99 ans.
La mémoire n’est, néanmoins, pas morte.
Beaucoup d’édifices ou institutions portent le nom de l’illustre leader des Cacos.
Il convient de citer : l’Université Charlemagne Péralte, Ecole Charlemagne Péralte, Rue Charlemagne Péralte.
La commune de Hinche, chef-lieu du Centre, est même, parfois, surnommée la cité péraltienne. [ro kft rc apr 30/07/2014 13:35]