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Haïti-Carnaval des fleurs : Quels effets sur l’économie ?

P-au-P, 28 juillet 2014 [AlterPresse] --- L’administration du président Michel Martelly et du premier ministre Laurent Lamothe attend du carnaval des fleurs des retombées positives pour l’économie, mais ces effets sont très hypothétiques au niveau macro-économique, de l’avis de l’Association des économistes haïtiens (Aeh).

L’argument majeur de l’administration politique actuelle repose sur les facteurs d’attraction touristique et de dynamisation de certaines activités économiques, durant les journées du carnaval (27, 28 et 29 juillet) qui mobilisent des dizaines de milliers de personnes.

Partant du principe que « c’est une bonne chose » chaque fois qu’il y a des événements qui mettent en branle des activités économiques, le président de l’Aeh, Eddy Labossière, estime que, durant cette période, « le nombre de transactions augmente dans l’économie ».

Dans une interview à AlterPresse, l’économiste souligne l’intensité du commerce des petits marchands aux abords du champs-de-mars, principale scène du carnaval, de la location d’instruments de musique, d’équipements de sonorisation, de logistique par des entreprises spécialisées.

Il y a, selon lui, « une rentabilité et une profitabilité » au niveau micro-économique. Mais, tel n’est pas forcément le cas en terme macro-économique, nuance l’économiste en analysant le niveau d’investissement public dans les festivités et la réalité au niveau commercial.

Le budget de mise en œuvre du Carnaval des fleurs s’élèverait à 87 millions de gourdes, financé officiellement à 85% par le secteur privé et 15% par l’Etat.

L’économiste juge que « ces dépenses insignifiantes » de l’Etat n’auront qu’un faible impact sur la croissance en Haïti.

De surcroît, tenant compte de l’importation de la majorité des produits consommés en Haïti, les dépenses de consommation en général ne profitent pas au pays.

D’autres observateurs économiques se questionnent sur les incidences au niveau de la productivité, dans la mesure où les journées de carnaval sont des journées de congé à travers tout le pays, alors que l’évènement ne concerne que Port-au-Prince.

Labossière souligne toutefois que l’économie haïtienne est « marquée par l’absence de productivité et l’inefficience ». De ce fait, il ne croit pas vraiment que les journées de festivités puissent constituer un manque à gagner.

Pour l’économiste, le défi majeur serait de faire du carnaval un « produit-marketing standardisé » qui permettrait à l’Etat et aux autres acteurs de la société de maximiser leurs revenus. [efd gp apr 28/07/2014 13 :40]