P-au-P, 24 juil.2014 [AlterPresse] --- Le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (Cspj) rencontre l’Association nationale des magistrats haïtiens (Anamah) le vendredi 25 juillet, environ 48 heures après la fin de l’arrêt de travail des magistrats qui réclament de meilleures conditions de travail.
« Le Cspj demande une réunion à l’Anamah à la mi-journée [du 25 juillet] », affirme à AlterPresse le magistrat Durin Duret Jr, président de l’Anamah.
Cette rencontre devrait se dérouler au local du Conseil autour « des principales demandes » de l’association, a ajouté le responsable.
La réunion a également été confirmée par le président du Cspj Anel Alexis Joseph, joint au téléphone par AlterPresse.
La requête de l’Association se résume en trois points. D’abord le paiement de 21 mois d’arriérées de salaire, la publication du rapport sur la mort suspecte en juillet 2013 du juge Jean Serge Joseph et la reconduction des mandats de tous les juges qui n’ont aucune plainte retenue contre eux.
Les magistrats des différentes juridictions du pays ont observé un arrêt de travail de 3 jours du lundi 21 au mercredi 23 juillet de l’année en cours. « Une grêve réussie à 100% », déclare Durin Duret Jr, tout en remerciant tous les acteurs de la chaîne qui ont respecté le mot d’ordre.
Il précise qu’une entente a été trouvé avec les autorités sur le versement en deux parties des arriérées, à raison d’une première tranche de 30% au milieu du mois d’août et l’autre au mois de décembre.
500 magistrats sont concernés par cette situation et ces versements en particulier.
Le rapport sur la mort du juge Jean Serge Joseph et la reconduction du mandat des juges restent les aspects non encore élucidés.
Le juge jean Serge Joseph décédé d’un accident vasculaire cérébral (Avc) était en charge de l’enquête sur la famille présidentielle, suite à une plainte de citoyens/avocats pour corruption.
Il est rapporté que le juge aurait subi les menaces des chefs de l’exécutif, Michel Martelly et Laurent Lamothe, quelques heures avant son trépas. D’autres enquêtes ont conclu à l’implication des dirigeants, qui ont nié avoir rencontré le juge .
« Les mandats d’une vingtaine de magistrats sont déjà renouvelés », confirme Anel Alexis Joseph à AlterPresse.
Ces juges sont choisis sur une liste transmise à l’exécutif, particulièrement le ministre de la justice Jean Renel Sanon, qui les a ensuite envoyés à la présidence.
L’inquiétude réside dans des modifications qu’Anel Alexis Joseph a faites dans la liste avant de l’envoyer à l’exécutif, soit en ajoutant ou en retirant quelques noms.
Cette attitude est « unilatérale et arbitraire » de la part d’Anel Alexis Joseph, qui « est en train de salir l’image de l’appareil judiciaire » critique Pierre Espérance, le directeur exécutif du Réseau de défense des droits humains.
Normalement c’est la majorité des conseillers qui choisissent les magistrats et les acheminent à l’exécutif, sans aucune modification après que les choix aient été arrêtés.
« Le président du Cspj n’a pas le pouvoir d’ajouter ou de retirer des noms », a précisé Pierre Espérance. [srh kft gp apr 24/07/2014 15 :00]