P-au-P., 14 sept. 04 [AlterPresse] --- Les sections canadiennes francophone et anglophone d’Amnistie Internationale demandent au Canada de s’engager davantage en Haïti sur des questions liées à l’impunité et au désarmement.
Dans une lettre au ministre des affaires étrangères canadien Pierre Pettigrew, dont copie a été transmise à AlterPresse, Amnistie Internationale Canada exprime sa « plus vive inquiétude face à la crise des droits humains qui prévaut toujours Haïti ».
« Le temps passe, affirme la lettre, sans que des questions aussi fondamentales que la lutte contre l’Impunité ou le désarmement ne semblent vouloir évoluer positivement », alors que, selon l’Organisme de défense des droits humains, « le Canada n’exerce pas dans ce dossier le leadership que l’on attendrait de lui ».
Les signataires de la lettre d’Amnistie Internationale Canada, Michel Frenette (Section francophone) et Alex Neve (Section anglophone) reviennent sur le récent procès de l’ex responsable paramilitaire Louis Jodel Chamblain et de l’ex militaire Jackson Joanis, acquittés dans l’affaire de l’assassinat en 1993 de l’entrepreneur et militant politique Antoine Izmery.
Du point de vue d’Amnistie Internationale Canada, « ce procès ne peut être excusé au nom de la maladresse ou de l’inexpérience ». L’organisme désapprouve l’intention manifestée par le Ministère canadien des Affaires Etrangères de « faire connaître ses préoccupations en privé ». « Un tel geste s’avère insuffisant », écrit Amnistie Internationale Canada, qui estime que le procès en question « doit plutôt être dénoncé haut et fort par la communauté internationale car, au lieu de combattre l’impunité, il la renforce ».
« Les victimes des violations des droits humains, leurs proches et tous ceux qui luttent pour la justice en Haïti ont besoin de pouvoir compter sur un appui visible du Canada et des autres pays membres de la MINUSTAH (Mission des Nations Unies de Stabilisation en Haiti) », poursuit la lettre.
L’autre dossier préoccupant pour Amnistie Internnationale Canada est celui du désarmement et du démantèlement des groupes armés. Sur ce plan, constate l’organisme, « la présence de la Force multinationale intérimaire s’est avérée un échec ». Les troupes multinationales sous commandement américain n’ont fait « aucune tentative sérieuse pour mettre sur pied, en collaboration avec la police haïtienne, un programme national de désarmement », ajoute la lettre.
Michel Frenette et Alex Neve sont d’avis que « la MINUSTAH doit être impliquée dans tout plan de désarmement et de démobilisation comme elle en a reçu explicitement le mandat ». Egalement, « si le démantèlement des groupes armés doit s’accompagner d’un programme de réinsertion (Â…), ce dernier doit cependant absolument exclure la possibilité que des personnes s’étant rendues coupables d’exactions (Â…) ne puissent joindre la nouvelle police nationale ».
Amnistie Internationale Canada incite le gouvernement canadien à « exercer en ce sens un véritable leadership au sein de la MINUSTAH ». Le Canada « a des responsabilités particulières envers le sort de la population haïtienne, ne serait-ce qu’à cause de l’importante communauté haïtienne vivant ici », lit-on dans cette lettre en date du 2 septembre.
Le ministre canadien des Affaires Etrangères, Pierre Pettigrew, qui doit bientôt effectuer une visite en Haiti les 27 et 28 septembre, a récemment confirmé l’existence de « projets communs » avec la France à propos d’Haïti. [gp apr 14/09/2004 13:00]