P-au-P, 16 juil. 2014 [AlterPresse] --- 5 mois après l’ordonnance de la cour d’appel près le tribunal de première instance de Port-au-Prince, exigeant une nouvelle instruction dans le cadre de l’affaire Jean-Claude Duvalier, le processus d’audition des témoins se poursuit, apprend AlterPresse.
Le verdict a été rendu, le jeudi 20 février 2014, par le juge Jean Joseph Lebrun, président de la troisième section à la cour d’appel de Port-au-Prince.
Il avait ordonné, conformément aux dispositions de l’article 19 de la loi du 26 juillet 1979 sur l’appel pénal, un supplément d’instruction, et avait désigné pour ce faire le juge Durin Duret Junior de la cour d’appel de Port-au-Prince.
L’audition des plaignants a démarré mi-mai 2014 et est toujours en cours, signale Danièle Magloire du Collectif contre l’impunité.
Quelques personnes ont déjà été entendues, parmi lesquelles figurent 4 membres du collectif dans la rubrique des consorts, mais aucune précision n’est encore de mise.
Chaque semaine, le juge Durin Duret Junior convoque un membre pour audition dans le cadre de ce dossier. Il collecte les informations et fait de la documentation.
« Aucune date n’a été fixée pour une autre séance. Légalement, en Haïti, le délai fixé pour une instruction, c’est trois mois. Mais ce délai, de manière objective, surtout pour de grands dossiers, ne saurait être réalisé en trois mois », relève Danièle Magloire.
Le directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains, (Rnddh), Pierre Espérance, dit attendre que le juge Durin Duret Junior complète son instruction pour faire sortir un rapport en bonne et due forme, de telle sorte que la cour d’Appel puisse rendre un arrêt définitif sur le dossier.
En attendant, l’ancien dictateur prend ses aises et cela ne plaît pas au secteur des droits humains.
Dans une note de protestation cette semaine, plusieurs organisations critiquent l’apparition de Jean-Claude Duvalier aux obsèques de Leslie Manigat.
« Il s’agit d’une participation ouvertement outrageuse pour la mémoire de Manigat, dont le parti, le Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (Rdnp) a milité en exil pour dénoncer les dérives et abus de l’État duvaliérien et œuvré pour son renversement », estime Danièle Magloire, dénonçant « une tentative de réhabilitation, en catimini, du Duvaliérisme ».
Le Collectif considère qu’il s’agit d’une nouvelle insulte à la mémoire des milliers de victimes de la dictature duvaliériste, en particulier celles qui attendent que la justice haïtienne dise le mot du droit.
« Manifestement l’entreprise de réhabilitation du duvaliérisme et de Jean-Claude Duvalier lui-même s’apparente à une course contre la montre, alors même que Jean-Claude Duvalier doit répondre devant la justice haïtienne de crimes contre l’humanité et de vol à grande échelle des deniers de l’État », précise le Collectif.
Le directeur exécutif du Rnddh critique le fait que « Jean-Claude Duvalier a un traitement spécial de la part du pouvoir en place, qui fait tout son possible pour le réhabiliter ».
« C’est seulement en Haïti qu’il y a un criminel notoire, un ex-dictateur et un sanguinaire nommé Jean-Claude Duvalier, qui circule normalement et à son aise, bénéficiant de l’impunité de la société », s’indigne Pierre Espérance.
Parmi les récentes apparitions de Duvalier, il y a celle effectuée lors de l’inauguration d’un bureau de son parti, à Jacmel, le 22 avril 2014, dans un contexte où le pays s’apprête à réaliser des élections. [jep kft gp apr 16/07/2014 10:30]