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Haïti : Dixième université populaire d’été du mouvement social

P-au-P, 14 juillet 2014 [AlterPresse] --- Plusieurs organisations et institutions du mouvement social haïtien réalisent à Montrouis (60 km au nord de la capitale), leur traditionnelle Université populaire d’été, qui se tient durant 10 jours (jusqu’au 21 juillet 2014), a constaté l’agence en ligne AlterPresse.

L’Université populaire d’été, lancée le 11 juillet 2014, tourne autour de l’économie sociale solidaire et reçoit plusieurs dizaines de membres d’organisations venant des dix départements d’Haïti.

Vielle de plus de 10 ans, cette initiative correspond à une pratique d’éducation populaire.

« L’Université populaire estivale n’est pas un espace, où un professeur en chaire dicte des notes, sans aucun droit à la parole des apprenantes et apprenants. C’est plutôt un espace, où, ensemble, nous partageons des connaissances et expériences, afin de les mettre ensemble dans l’objectif de voir comment changer le pays suivant notre vision des choses », précise Freud Jean, coordonnateur de Programme alternative de justice (Paj).

A l’origine, le concept d’université d’été se veut être une initiative de partis politiques européens, pour permettre, à leurs membres, de compléter leur formation et acquérir de nouvelles connaissances visant une meilleure compréhension de la réalité de leur pays.

Malgré des différences, l’Université populaire entre dans cette même lignée, assure Freud Jean.

La production nationale et la souveraineté alimentaire, dans le cadre d’une économie sociale et solidaire, la communication populaire, la culture, l’évolution socio-économique et la contribution des femmes dans une économie solidaire populaire sont les sujets, abordés durant ces 10 jours de formation, avec également la participation de personnalités haïtiennes et étrangères, dont des intervenants de la République Dominicaine, de l’Equateur et de l’Argentine.

Marie Frantz Joachim, coordonnatrice générale de la Solidarité des femmes haïtiennes (Solidarite Fanm Ayisyèn / Sofa), met l’accent sur l’importance de la contribution des femmes dans une économie solidaire et la valorisation de la présence des femmes dans l’économie, tout en faisant état d’un oubli marquant, souvent dans certaines approches économiques.

« Quand on parle d’économie, on ne prend pas en compte particulièrement le travail des femmes dans les foyers, qui représente un travail de grande importance aidant à faire avancer l’économie », dénonce-t-elle, rappelant combien plusieurs réflexions et recherches sont conduites là-dessus en vue de « comptabiliser ce type de travail des femmes ».

Il est important de concevoir, dans la logique de l’économie sociale solidaire, comment encadrer les femmes, afin qu’elles puissent mieux jouer leur rôle, dans la chaîne de production agricole du pays, et mieux gérer leurs activités économiques pour parvenir à leur autonomisation financière, estime la dirigeante féministe.

Elle dénonce le cercle vicieux de dépendance et d’endettement du système de micro crédit, dans lequel plonge les femmes.

Ainsi, prône-t-elle, en termes d’alternative, « le développement de véritables entrepreneuriats féminins, où les femmes pourront se servir de leurs expériences et savoir-faire en vue de meilleures conditions de vie ».

Pour sa part, racontant la genèse de l’idée de l’université populaire, qui est une création de son institution, Marc-Arthur Fils-Aimé, directeur de l’Institut Culturel Karl Levèque (Ickl), rapporte qu’à l’origine l’université populaire voulait faire une synthèse des formations et séminaires, donnés par les partenaires de l’institution.

Une idée, qui a évolué dans le temps, assure-t-il, surtout avec l’élargissement du cadre à d’autres organisations haïtiennes, avec comme objectif ultime de contribuer au renforcement des organisations de base et populaires du mouvement social haïtien.

« L’économie solidaire populaire constitue un outil de résistance contre la politique néo-libérale », proclame une des affiches placardées au mur du bâtiment, où se tient l’Université populaire d’été 2014.

« Pour une Haïti souveraine, en termes alimentaires, adoptons l’économie solidaire », renchérit une autre. [mm kft gp apr 14/07/2014 10:10]