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Haïti-Rétrospective juin 2014 : Carton rouge

P-au-P, 10 juil. 2014 [AlterPresse] --- Alors que la Coupe du monde 2014 s’ouvre au Brésil et fait vibrer la population haïtienne, le ton monte dans les aigus entre les gangs de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, qui voit la disparition de l’ancien président et éminent intellectuel Leslie Manigat.

Hors jeu et manque de fair play

Plusieurs dizaines de personnes ont perdu la vie dans des affrontements entre gangs rivaux dans l’aire métropolitaine de la capitale, au début du mois de juin.

Pourtant, le premier ministre Laurent Lamothe avait considéré positif le bilan semestriel de la situation sécuritaire du pays, devant l’assemblée nationale le 9 juin.

Ces violences dans les quartiers populaires ne dissuadent pas le président Michel Martelly, qui, trop content de surfer sur la vague d’enthousiasme entourant la Coupe du monde de football, est allé distribuer des t-shirts de l’équipe du Brésil et de l’Argentine à Poste Marchand (P-au-P).

Le retour en force des gangs, à quelques mois des élections législatives et locales, suscite des inquiétudes et soulève des questions sur la capacité sécuritaire réelle du pays, au moment où la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) atteint dix ans de présence sur le territoire national.

La Minustah, du haut de ses dix ans, continue de clamer que sa présence est nécessaire et qu’elle n’est pas près de partir.

Dans plusieurs pays de l’Amérique du Sud, des organisations ne l’entendent pas ainsi. Elles lancent une campagne continentale "Basta la Minustah" pour le retrait des troupes onusiennes du pays.

Martelly, qui a toujours affiché une tolérance mitigée envers les troupes onusiennes, réitère son désir de reformer l’armée, lors de la cérémonie de graduation de la promotion 2013-2014 du Collège interaméricain de la défense à Washington.

Martelly en profite pour annoncer qu’il pourrait faire un saut au stade de football Maracana, le dimanche 13 juillet 2014, pour assister à la finale de la Coupe du monde, une compétition à laquelle Haïti n’a participé que depuis 1974.

Cela n’empêche pas le gouvernement de payer 2 millions de dollars américains (US $ 1.00 = 46.00 gourdes ; 1 euro = 65.00 gourdes aujourd’hui) à l’association des fédérations internationales de football (Fifa) pour permettre aux Haïtiennes et Haïtiens de suivre la Coupe du monde sur leur petit écran. Mais, très vite, les chaînes se mettent à pirater, car l’Etat haïtien n’avait pas payé une balance de 400 mille dollars au fournisseur d’images.

L’homme du match

Arnel Bélizaire fait encore parler de lui. Il se promène, armé d’un fusil gros calibre, dans une manifestation.

Il récidive, malgré une note désapprobatrice du ministère de la justice, en arborant une machette dans une autre manifestation.

Dans la foulée, il agresse, sans autre forme de procès, le ministre chargé des relations avec le parlement, Phélito Doran, en marge d’une séance à la chambre des députés.

Deuil

L’ancien président Leslie François Saint-Roc Manigat décède le vendredi 27 juin 2014, dans son sommeil.

Selon son épouse, il n’aurait pas réussi à résister contre le Chikungunya, alors que son état était déjà fragilisé. L’épidémie de Chikungunya a fait de nombreuses victimes en Haïti et sa gestion, par le gouvernement, est très critiquée.

Le président Michel Martelly et le premier ministre Laurent Lamothe, entre autres, sont allés, pour leur part, au chevet de la famille Manigat éplorée.

Le 18 juin, Rodolfo Mattarollo, représentant de l’Union des nations sudaméricaines (Unasur) en Haïti, décède d’une affection hépatique en Argentine. Son départ plonge, dans le deuil, le secteur des droits humains en Haïti, qui, un mois plus tôt, lui avait rendu hommage.

La valse lente des tortues

Au niveau des élections, on continue de marteler la date du 26 octobre pour les législatives partielles et celle du 28 décembre pour les locales.

Mais, le processus avance lentement.

La loi électorale n’est pas amendée, en juin, par le sénat qui veut un Conseil électoral provisoire (Cep) de 9 membres au lieu des 7 en poste.

Le sénat souhaite, pour cela, que le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (Cspj) remplace l’un de ses représentants au Cep. Tout de suite, le Cspj se lance dans un processus laborieux de sélection, tandis que son président, Anel Alexis Joseph, boude une réunion qui aurait pu permettre de boucler le processus.

Le 23 juin, le porte-parole du premier ministre, Michel Brunache, reconnaît que, sur 73 étapes pour arriver aux scrutins, seules 28 ont pu être franchies. [kft rc apr 10/07/2014 1:55]