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Haïti-Patrimoine : L’Etat haïtien rejette une proposition de fouilles sur la prétendue épave de la Santa Maria (Multimédia)

P-au-P, 7 juil. 2014 [AlterPresse] --- Haiti rejette la proposition de l’explorateur étatsunisien, Barry Clifford, et de l’Université d’Indiana d’opérer des fouilles sur un élément du patrimoine subaquatique haïtien qui serait l’épave de l’embarcation Santa Maria utilisée par le navigateur Christophe Colomb ayant débarqué dans les Amériques en 1492.

« Nous avons envoyé sa proposition [celle de Clifford] pour étude à la commission technique de l’Unesco du patrimoine subaquatique qui a révélé qu’elle [la proposition] ne correspond pas au type d’épave en question », affirme la ministre de la Culture, Monique Rocourt, en conférence de presse le 7 juillet 2014 au Musée du panthéon national haïtien (Mupanah).

Selon le rapport d’étude de la proposition de Clifford et de l’Université Indiana faite par l’’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), la liste des scientifiques soumise aux fins d’approcher l’épave n’ont pas les connaissances adéquates, la méthode n’est pas conforme aux fouilles subaquatiques.

La méthode proposée par Clifford évoque l’urgence et se résume à « fouiller l’épave et récupérer des objets », explique la ministre qui rappelle qu’on n’est pas en présence d’un site en danger puisque déjà bien protégé par les centaines de mètres de sédimentation qui s’y sont accumulés autour, durant des siècles.

Grosso modo, la proposition de Clifford et consorts ne répondent pas aux normes de la Convention de l’Unesco sur le patrimoine subaquatique ratifiée par Haïti en 2009.

A la fin du mois d’août, l’Unesco va dépêcher une mission extraordinaire avec des spécialistes de haut niveau et une assistance technique à Haïti dans le cadre de ce dossier, annonce la ministre.

Dans un premier temps, Clifford a sollicité un simple « permis d’excavation » des autorités haïtiennes après que la nouvelle de la possible découverte de la Santa Maria ait été répandue en Haïti sur les réseaux sociaux notamment, en mai 2014. C’est alors que les autorités haïtiennes lui ont demandé de suivre la démarche légale et scientifique que requiert la situation.

Un avis de l’Etat haïtien du 21 novembre 2006 interdit « toute recherche, toute fouille archéologique, subaquatique pour quelque raison que ce soit sur le territoire haïtien ».

Jusqu’ici, « il n’y a aucune certitude que cette épave soit celle de la Santa Maria », affirme Rocourt rappelant qu’en 1990 l’Espagne a dépêché une équipe d’archéologues pour fouiller les restes du Fort de la nativité avec l’argument que l’épave de la Santa Maria se trouverait sous terre, au lieu du milieu sous-marin.

Olsen Jean-Julien ancien ministre de la culture, spécialiste en conservation du patrimoine culturel, interrogé par AlterPresse en mai 2014, a invité à prendre la nouvelle au conditionnel.

Depuis que la république contracte avec des compagnies étrangères pour exploiter son patrimoine subaquatique et archéologique, l’Etat haïtien n’a bénéficié que de « moins d’une douzaine d’objets », déplore la ministre de la culture. [efd kft gp apr 07/07/2014 16 :00]