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Haïti-Rép-Dom/Immigration : Le gouvernement annonce un programme d’identification

Attention à l’implication dans le « génocide civil », encouragé par la sentence du 23 septembre 2013

P-au-P, 02 juil. 2014 [AlterPresse] --- Le ministre des Haïtiens vivant à l’étranger, François Guillaume II, annonce un programme d’identification et de documentation des immigrantes et immigrants haïtiens (Pidih), en conférence de presse ce mercredi 2 juillet 2014 au bureau du premier ministre.

Le programme devrait permettre à « 300 mille Haïtiennes et Haïtiens », notamment celles et ceux résidant dans les bateyes, de recevoir « un acte de naissance ou un extrait des archives (de naissance), un passeport et une carte d’identification nationale (Cin) », affirme Guillaume II.

Il devrait commencer « ce mois » de juillet 2014, indique le ministre sans préciser de date.

Satisfaction et inquiétude à la plateforme Garr

La démarche du gouvernement haïtien est saluée par la plateforme Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr).

« Nous accueillons la nouvelle avec beaucoup de satisfaction », déclare Angénor Brutus, responsable de communication et de plaidoyer à la plateforme Garr, dans un entretien à AlterPresse.

Mais la plateforme Garr est quand même inquiète.

Le ministère des Haïtiens vivant à l’étranger (Mhave) annonce que les opérations seront particulièrement concentrées dans les bateyes.

Or, « les migrantes et migrants (Haïtiens), qui vivent de façon irrégulière, sont sur tout le territoire dominicain », souligne Brutus.

Il faudrait que le gouvernement haïtien utilise « des mobiles » un peu partout sur le territoire voisin, en vue d’atteindre celles et ceux qui ne sont pas forcément dans les bateyes.

La plateforme Garr souhaite l’implication « des organisations de la société civile, haïtiennes et dominicaines, qui connaissent la situation des immigrantes et immigrants sans papiers, et savent où les trouver ».

Par rapport aux frais, que ces personnes devraient payer, soit 2,500.00 pesos (devise dominicaine, environ US $ 50.00 ; 1.00 peso dominicain = 1.10 gourde aujourd’hui ; US $ 1.00 = 46.00 gourdes ; 1 euro = 65.00 gourdes aujourd’hui), la plateforme Garr pense qu’ils pourraient ne pas l’avoir.

Elle suggère que ces personnes-là soient « exonérées ou subventionnées ».

« Des centaines d’Haïtiens » auraient déjà reçu des documents, suivant les informations avancées par François Guillaume II.

En ayant des pièces d’identité, les Haïtiennes et Haïtiens - qui rêvent d’avoir la nationalité dominicaine - seraient en mesure de faire la demande à partir du plan national de régularisation des étrangers (Pnre).

Ce plan ne sera plus effectif après le 28 juin 2015.

Sera-t-il possible au gouvernement haïtien, pressuré par son homologue dominicain - après la sentence xénophobe et raciste du 23 septembre 2013, enlevant la nationalité dominicaine à plusieurs milliers de Dominicaines et de Dominicains - de documenter le nombre réel sans papiers haïtiens répartis sur tout le territoire dominicain, avant la date du 28 juin 2015 ?

Une autre situation reste intacte, celle des Dominicaines et Dominicains d’ascendance étrangère, déchus de leur nationalité dominicaine, en fonction de l’arrêt de la cour constitutionnelle dominicaine en date du 23 septembre 2013.

Les autorités sont appelées à agir avec prudence dans ce dossier, pour ne pas faire le jeu des ultranationalistes dominicains, ni être impliquées dans ce « génocide civil » que les dirigeants dominicains ont en perspective, réagit la plateforme Garr.

En perdant leur nationalité dominicaine, ces gens deviendraient des apatrides. Ils sont des milliers, pour la plupart Dominicaines et Dominicains d’ascendance haïtienne.

Déjà la fondation Zile et des intellectuels ont invité l’État haïtien à définir un plan d’intervention dans ce dossier. [srh kft rc apr 02/07/2014 15:45]