Correspondance Shella Chauvette
Belladère, 03 juillet 2014 [AlterPresse] --- Des organisations lancent un Sos auprès des instances concernées, en vue d’améliorer la situation des personnes rapatriées sur la frontière de Belladère (commune avec la municipalité Comendador / province Elias Piña de la République Dominicaine).
Ces organisations s’élèvent contre l’absence de prise en charge de 15 personnes, rapatriées à Belladère le lundi 30 juin 2014.
Ces personnes rapatriées (11 hommes, 3 femmes et un enfant) étaient accompagnées de soldats dominicains, qui les ont déposées à Carizal, à la frontière entre Comendador et Belladère.
Sans le moindre effet personnel, ces personnes racontent avoir fait le trajet sans manger.
Six (6) ont pu retourner chez eux, grâce au soutien des chauffeurs dans la ville.
« Je viens de Petit-Goâve (Ouest). Etant donné que je ne pouvais pas donner à manger à mes cinq autres enfants, j’ai payé à ma cousine 2,000.00 pesos pour mon passage. Lorsque nous sommes arrivées à Las Matas (de Farfán), elle m’a laissé chez un habitant de la zone. Depuis tantôt une semaine, je ne l’ai pas vue. Depuis lors, c’est la souffrance ..., avec un bébé de 3 ans dans mes bras. Je n’ai pas d’argent. Depuis hier, je ne peux rien donner à manger à l’enfant », se plaint la rapatriée Yves-Rose Saint-Louis.
Les rapatriements sont quotidiens et réalisés dans des conditions inhumaines, témoignent plusieurs personnes qui font la navette régulièrement sur la frontière de Beladère.
« Souvent, c’est nous qui donnons quelques sous à ces gens, pour qu’ils puissent manger et rentrer chez eux. Les autorités dominicaines ne leur donnent pas la chance de récupérer leurs affaires. Des fois, ils arrivent pieds nus. Les autorités haïtiennes doivent assumer leurs responsabilités pour freiner cette situation », souhaite Wesly Charles, un habitant de Belladère.
« Mêmes les institutions, qui visent à protéger les droits des citoyennes et citoyens, sont incapables de faire face à cette situation, un problème dont la solution tarde à venir », signale l’Organisation des femmes pour le développement de Botoncy (Ofdb).
Ces femmes demandent aux autorités concernées de doter le bureau de la migration - établi dans le complexe administratif - de moyens financiers et matériels, pour pouvoir accompagner ces personnes, lors des rapatriements.
« Ce sont nos semblables ! Ce sont des humains ! C’est la réalité de leurs mauvaises conditions de vie qui les poussent à se rendre en république voisine », affirme Julienne Dessources, vice-coordonnatrice de cette organisation.
L’Etat doit créer les conditions adéquates pour faire augmenter la production agricole, construire plus de canaux d’irrigations, distribuer des semences, encadrer les paysannes et paysans par la présence continue de techniciennes et de techniciens agricoles, préconise, pour sa part, l’Association des femmes dévouées pour le développement de Belladère.
Les femmes doivent aussi avoir accès à des crédits à faible taux, leur permettant d’entreprendre des activités et de prendre soin de leurs familles, ajoute l’association.
« C’était juste pour chercher de quoi m’occuper de ma famille, que j’ai quitté mon pays pour me rendre à Santo Domingo. Si je peux avoir les moyens de travailler mes parcelles agricoles, je préférerais rester, au lieu de subir ces humiliations ! », confie Joël Desrosiers, un rapatrié habitant de Pignon (Nord). [sc kft rc apr 03/07/2014 10:45]